# COP23 : Tous à bord sauf un ?

# COP23 : Tous à bord sauf un ?

La conférence sur le climat a commencé cette année avec des cris et des chants. Ces cris ne sont pas dus à la joie mais au fait que Fidji, le président de cette conférence, ait organisé une grande cérémonie traditionnelle de bienvenue. Notre planète est encore sous pression et les efforts que nous déployons ne sont pas suffisants pour lancer une véritable transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

 

Une grande surprise a eu lieu lors du troisième jour de la précédente Conférence des Nations Unies sur le climat à Marrakech, en 2016. Ce jour-là, il y tout a juste un an, les États-Unis ont élu un président climatosceptique : Trump. Au début de la COP23 de cette année, je me suis demandé à quelle surprise nous allions avoir droit cette fois. Pour les grands drames politiques, il est probablement encore trop tôt. Mais nous étions déjà surpris hier. La Syrie, pays déchiré par la guerre depuis des années, a annoncé son adoption de l'Accord de Paris. Seuls trois pays dans le monde n’avaient pas manifesté leur désir de suivre l'Accord de Paris : la Syrie, qui avait d’autres priorités à traiter ; le Nicaragua, parce qu'il ne trouvait pas l'Accord assez ambitieux et les États-Unis, sous le mandat du président Trump. Le Nicaragua a signé il y a deux semaines et la Syrie suivra très bientôt. Les États-Unis restent donc, en tant que deuxième plus grand pollueur au monde, le seul pays à l’écart. Il s’agit du seul gouvernement qui nie la réalité du changement climatique.

Heureusement, nous avons toujours le mouvement « We Are Still In ». En effet, une forme de résistance a pris forme contre l’absence de politique climatique du président Trump, après l'incrédulité que beaucoup d'Américains ressentaient à propos de son élection. Le 5 juin 2016, 72 heures après l'annonce par Trump de son intention de se retirer de l'Accord de Paris, 2 200 dirigeants américains du monde des affaires et du monde académique, mais aussi des villes et des états ont lancé l’initiative « We Are Still In ». Ils veulent montrer que tous les Américains ne sont pas d'accord avec la politique climatique de Trump. En près d'un mois, le mouvement comptait deux fois plus de signataires.

Pour avoir une idée de l'ampleur de l'initiative : les signataires représentent 127 millions d'Américains et 6,2 billions de dollars de l'économie américaine. Cela fait énormément de zéros ! Si le mouvement était un pays, il s'agirait du 10e plus grand pays du monde. Et bien que le président américain n'ait envoyé qu'une petite délégation officielle à la COP23 à Bonn, une délégation « We Are Still In » est présente à la conférence sur le climat pour établir des liens avec des acteurs extérieurs aux délégations gouvernementales.

Tous les signataires de l'Accord de Paris qui, contrairement aux intentions du président Trump, se vantent d’être encore dans l’Accord, doivent encore clarifier leur responsabilité. Que les gouvernements aient signé l’Accord de Paris ne suffit pas, une vision climatique nationale claire et la mise en place d’un plan d’action doivent émerger. Et c'est justement là le problème : dans le scénario de la réalisation effective de l’ensemble des plans climatiques nationaux proposés auprès des Nations Unies, le réchauffement se poursuivra jusqu’à 3 °C. Les engagements fixés ne suffiront donc pas à protéger notre planète et ses habitants des effets du changement climatique.

Le Rapport sur les lacunes identifiées par le PNUD, publié la semaine dernière, l'a également clairement indiqué : les réductions d'émissions que nous devons réaliser via l'Accord de Paris ne représentent qu'un tiers des réductions que nous devons réaliser pour limiter le réchauffement à des proportions gérables. Le message est clair : nous devons faire ce que nous avons promis et nous devrions aussi faire plus que ce que nous pensions être suffisant en 2015. Des études scientifiques soulignent à nouveau que le changement climatique s’opère plus vite que prévu. L'ambition de tous les pays doit donc s'élever.

Et même s'il est dit que la COP à Bonn n'est qu'une conférence technique, fixant les règles pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris, il ne s'agit pas là du seul défi. Cette année, nous devons veiller à ce que les fondements soient fixés pour revoir à la hausse des objectifs climatiques nationaux, qui seront examinés à la COP de l'année prochaine. Les esprits ont mûri depuis 2015 et, pendant la COP24, nous devrions être témoins d’une ambition accrue – de préférence avec les États-Unis mais aussi sans eux s’il le faut. Et c'est exactement ce que le mouvements citoyen américain de la société civile « We Are Still In » essaie de faire : faire en sorte que l'Amérique ne soit pas désespérément retardée dans la transition vers une société à faible émission de carbone. Les entreprises et la société civile doivent également commencer ailleurs dans le monde: le besoin de changement est considérable et urgent.

Le WWF souhaite également apporter sa contribution au renforcement de l'ambition climatique et à l'augmentation de la coopération entre les organisations non gouvernementales. En plus de nos projets de terrain, où la coopération avec les partenaires est centrale, nous rassemblons également des personnes à la COP23 à Bonn. Dans le pavillon du WWF, nous rassemblons des faiseurs d'opinion, des entreprises, la société civile et des experts pour nourrir le débat, créer des partenariats et présenter des exemples de la façon dont nous pouvons réaliser une transition socialement juste vers une société à faibles émissions de carbone. La science est claire sur ce que nous devons faire, nous ne pouvons plus attendre pour l'exécuter.

Voys souhaitez suivre le WWF durant la COP23 ? Suivez le hashtag #Pandahub et consultez régulièrement notre site.

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Julie Vandenberghe