Le grand retour du bison d’Europe
Le grand retour du bison d’Europe
Cela faisait près de deux siècles que le bison avait disparu de Roumanie. Depuis 2013, le WWF et Rewilding Europe œuvrent pour réintroduire cette espèce emblématique dans le sud des Carpates. Aujourd'hui, on se retourne sur ces années d'efforts... qui offrent de belles perspectives à l'avenir du bison sauvage.
Le bison, animal qui semble sorti tout droit des livres sur la préhistoire, est en train de gagner un pari incroyable : celui de revenir peupler le continent européen plus d’un siècle après sa disparition. À partir des 54 bisons européens captifs restants il y a quelques dizaines d’années, il en vit aujourd’hui environ 3 000 (moins que le rhinocéros noir !). Depuis 2013, ceux-ci sont relâchés par petits groupes dans ce qui reste de nature sauvage en Europe Centrale et de l’Est.
Les Carpates sont la plus grande chaîne de montagnes d’Europe. Elles s’étirent sur cinq pays : Tchéquie, Slovaquie, Pologne, Ukraine et Roumanie. Les forêts couvrent environ 50 % de cette région cruciale pour la conservation de la biodiversité en Europe. De vastes étendues de forêts - semi-naturelles, anciennes et primaires - y abritent nombre d’espèces endémiques, mais aussi les plus grandes populations de loups et d’ours bruns en Europe.
Bison, architecte du paysage et espèce clé
Les territoires restés sauvages sont importants pour la santé des écosystèmes. Et le bison d’Europe est une espèce clé pour la conservation de tels espaces naturels.
Il consomme chaque jour quelque 30 kg d’herbes, d’écorce et de branches. Cela permet de maintenir une mosaïque de zones boisées et de prairies ouvertes. Par la même occasion, il permet d’entretenir des corridors écologiques qui offrent une liberté de mouvement à des animaux comme le bison, mais aussi l’ours brun, le loup et le lynx.
Environ 600 espèces animales et 200 espèces végétales tirent parti de la présence de cet énorme herbivore. Par exemple, les bisons prennent régulièrement des bains de sable. En se frottant contre le sol, ils forment des trous qui sont très utiles pour les abeilles sauvages, les guêpes, les lézards et les plantes pionnières (plantes qui peuplent des espaces nus).
Mais le retour du bison autour du Bison Hillock, sur les pentes des monts Țarcu et Poiana Ruscă, en Roumanie, n’est pas seulement essentiel pour la conservation des espèces. Il s’inscrit également dans une initiative plus large visant à créer le plus grand ensemble de régions sauvages interconnectées en Europe. Cet ensemble de trois millions d’hectares comprend différentes zones protégées. Dans ce vaste paysage, régulé par des processus naturels, le bison peut reprendre la place qui est la sienne.
Une valeur culturelle et économique
Aujourd’hui, une centaine de bisons prospèrent et se reproduisent autour de Bison Hillock. « Au cours des six dernières années, nous avons fêté de nombreuses premières, comme le cap des 25 veaux nés à l’état sauvage ou des données GPS démontrant qu’un bison avait franchi une altitude de 2 000 mètres dans la région du Mont Tarcu. » Marina Drugă, LIFE RE-Bison Project Manager, WWF-Roumanie. Dans cinq à dix ans, lorsque la population de bisons y sera viable, l’idée est d’encourager, grâce aux corridors écologiques liant les espaces naturels entre eux, de faire rencontrer plusieurs populations de bisons…
Au-delà de favoriser la biodiversité, le projet veut également générer une valeur culturelle : faire redécouvrir aux populations locales la beauté de leur région et les inviter à développer des activités en équilibre avec la nature.
Le WWF-Roumanie et Rewilding Europe travaillent pour cela en étroite collaboration avec les communautés locales, les entrepreneur·es, les exploitations forestières, les associations de chasseurs et chasseuses ou encore les tour-opérateurs.
Les communautés locales sont impliquées activement dans les activités liées à la réintroduction et dans la conservation de leur patrimoine naturel. Le but est qu’elles accueillent avec fierté le retour du bison dans leur région. En outre, la présence de cette espèce populaire ouvre de nouvelles perspectives touristiques, qui peuvent profiter à l’économie locale.
Des efforts qui paient
Grâce à des années d’efforts, la population du plus grand mammifère d’Europe a grimpé de 1 800 individus en 2003 à plus de 6 200 en 2019.
C’est ainsi qu’en décembre 2020, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a ôté le bison de la catégorie « vulnérable » pour requalifier l’espèce de « quasi menacée ».
Les plus grandes populations vivent en Pologne, en Biélorussie et en Russie. Mais les populations existantes, dont celle de Roumanie, doivent encore grandir pour augmenter leur diversité génétique et assurer leur stabilité et leur viabilité à long terme.
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