Réaction du WWF aux propos d’Alexander De Croo : la nature est une alliée dont on ne peut plus se passer

Réaction du WWF aux propos d’Alexander De Croo : la nature est une alliée dont on ne peut plus se passer

Bruxelles, le 24 mai 2023 – Hier soir, le premier ministre Alexander De Croo a indiqué vouloir « mettre en pause » la mise en place de mesures pour préserver la biodiversité, laissant penser que celles-ci entravaient nos indispensables efforts pour diminuer nos émissions de CO2. Le WWF-Belgique réagit à ces propos, qui s’opposent à ce que la science démontre rapport après rapport :  pour régler la crise climatique, nous avons besoin de la nature. Protéger la biodiversité n’est pas un luxe mais une nécessité absolue pour l’ensemble du vivant et le nier revient à nous mener droit dans le mur.

Une loi pour la restauration de la nature est actuellement en cours de fabrication au niveau européen. Cette loi est le moyen de mettre en œuvre les engagements en termes de restauration pris par les pays membres de l’Union européenne, dont la Belgique, lorsqu’ils ont adopté le Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) pour l’après-2020 à l’issue de la COP15 à la fin de l’année dernière. Avec ce cadre mondial, ils se sont engagés à stopper et inverser la perte de biodiversité et pour la restauration restaurer les écosystèmes naturels.Le WWF-Belgique le pointait déjà dans un rapport publié ce lundi, à l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité : aujourd’hui, notre pays n’est pas à la hauteur quant aux engagements qu’il a d’ores et déjà pris au niveau mondial. En voulant mettre en pause les ambitions en matière de biodiversité, notre premier ministre éloigne encore plus notre pays de ses engagements.

La nature, une alliée dont on ne peut plus se passer

Il est faux de penser la crise climatique peut être réglée sans s’attaquer à la crise de la biodiversité simultanément. Protéger et restaurer notre nature est tout sauf un luxe si nous voulons faire face à cette double crise. "Ces dix dernières années, plus de la moitié des émissions humaines de CO2 ont été absorbées par la nature (via les forêts, les océans, les sols, les zones humides, etc.) Le dernier rapport du GIEC est clair : sans une restauration à grande échelle de la nature, l'Europe (et donc la Belgique) sera confrontée à davantage d'inondations, de longues sécheresses et d'autres menaces pour notre vie quotidienne », déclare Laurence Drèze, chargée de plaidoyer biodiversité au WWF-Belgique.

Nous avons déjà vu les conséquences désastreuses des inondations en 2021, et le changement climatique nous amène au-devant d’événements météorologiques plus intenses et plus fréquents à l’avenir. Pour s'y préparer, la restauration de la nature est cruciale. Dans la vallée limbourgeoise de la Meuse, le retour de la nature a permis aux villages situés derrière lui de rester au sec.

Investir dans la nature pour assurer notre avenir

Les investissements dans la restauration de la nature génèrent une valeur économique de 8 à 38 euros pour chaque euro dépensé. Investir dans la restauration de la nature est une opération gagnante à la fois pour notre planète et pour nos portefeuilles, et donc l'un des meilleurs investissements financiers que notre société puisse faire.

Le Forum économique mondial a par ailleurs calculé que plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial (soit 44 000 milliards de dollars) dépendait modérément ou fortement de la nature. Pendant quatre années consécutives, la perte de biodiversité a figuré parmi les quatre risques à long terme les plus importants dans le "Global Risks Report du Forum économique mondial.

La biodiversité au centre des préoccupations des entreprises également

L'importance de la restauration de la nature et de notre biodiversité n'a donc pas échappé au monde des affaires. En mars dernier, les réseaux d'entreprises et d'investissement ont publié la première lettre appelant les député·es européen·nes à adopter une loi ambitieuse sur la restauration de la nature. Cette lettre a été suivie par d'autres initiatives d'entreprises telles que la déclaration commune de près de 40 entreprises et réseaux d'entreprises en Europe. Ces entreprises sont conscientes qu'elles dépendent des ressources naturelles et des services écosystémiques, qui sont menacés par la perte de biodiversité et le changement climatique.