Position du WWF-Belgique à l’égard de l'exploitation minière en eau profonde

Position du WWF-Belgique à l’égard de l'exploitation minière en eau profonde

Bruxelles, le 21 septembre 2018 - La société belge Global Sea Mineral Resources SA (GSR), qui fait partie de DEME, présente aujourd'hui à Temse le 'Patania II'. Le Patania II est un pré-prototype du robot sous-marin que GSR veut utiliser pour l'exploitation minière en haute mer. L'année prochaine, ils effectueront le tout premier essai d'exploitation en haute mer dans le Pacifique avec le Patania II. Le WWF-Belgique suit de près ce dossier et s'interroge sur les plans de GSR et sur le rapport d'impact environnemental. Les grands fonds marins sont un écosystème vulnérable qui subit déjà une forte pression de la pollution et d'autres activités humaines.

Sans un océan sain, l'humain ne peut survivre. L'océan abrite une incroyable biodiversité. Il nous fournit la moitié de l'oxygène que nous respirons, de la nourriture, de la matière première pour des médicaments, des énergies renouvelables, et la côte nous protège des inondations et des tempêtes. L'océan régule le cycle de l'eau et absorbe les gaz à effet de serre, contribuant ainsi à la régulation du climat. Enfin, l'océan est aussi  source d'inspiration et de détente. Vivre avec vue sur mer, partir en vacances à la mer, se détendre et faire du sport sur, dans ou en bord de mer… tel est le souhait de tout un chacun.

Malheureusement, la situation est réellement préoccupante en ce qui concerne l'océan. La biodiversité est en déclin et les courants changent. L'océan se réchauffe et s'acidifie, et le climat est perturbé. Sans efforts drastiques, d'ici 2050, les récifs coralliens auront probablement disparu, et il y aura plus de plastique que de poissons dans l'océan.

Les grands fonds marins sont l'un des derniers endroits sur notre planète où l'influence de l'humain sur la nature était encore relativement limitée. Mais on y trouve aussi des ressources non renouvelables, comme le manganèse, le cuivre et le nickel, des matières présentes dans les vélos électriques et les éoliennes, entre autres. L'exploitation minière en haute mer aurait des conséquences écologiques majeures et irréversibles, car la perturbation du sol détruira les conditions de vie spécifiques des organismes qu’on ne trouve nulle part ailleurs, et les nuages de poussière de sédiments qui en résultent peuvent flotter longtemps et loin alentour.

 

Les plans du GSR

GSR prévoit en avril 2019 un premier essai d'exploitation dans les zones de concession belge et allemande dans l'océan Pacifique. La région est située près du Chili, à quelques milliers de kilomètres de la côte. GSR veut amener le Patania II au fond de la mer pour recueillir des nodules ou tubercules polymétalliques. La société GSR mesurera elle-même l'impact environnemental de ses essais, mais elle a cependant accepté de se coordonner avec ‘Joint Programming Initiative Healthy and Productive Seas and Oceans’ (JPI Oceans) pour un suivi indépendant de ses essais.

 

Quelle est la position du WWF-Belgique sur l'exploitation minière en eau profonde ?

Le WWF-Belgique s'efforce de créer un monde où l'exploitation minière en eau profonde n'est pas nécessaire. Mais cela ne sera possible que si des investissements supplémentaires sont réalisés dans une économie collaborative et circulaire fondée sur une conception écologique durable et sur les principes de limitation d’usage de matières premières, de réutilisation, de rénovation, de réparation et de recyclage. Dans l'intervalle, nous avons besoin de mesures pour protéger les écosystèmes des grands fonds marins des effets négatifs, ainsi que de la supervision et du contrôle d'un système de gouvernance équitable.

 

Comment le WWF-Belgique perçoit-il le test d'exploration GSR ?

Le WWF-Belgique encourage la recherche si elle se déroule dans des conditions écologiques strictes. Les nouvelles technologies et l'innovation peuvent jouer un rôle important dans la prévention, la résolution ou la gestion des problèmes environnementaux. La recherche scientifique en haute mer doit apporter la preuve de l'impact des nouvelles technologies et de l'innovation sur la biodiversité.

GSR a préparé et publié un 'Environmental impact statement' (EIE) sur les essais, à petite échelle, d'éléments d'une installation de collecte de nodules polymétalliques sur les fonds marins, dans la zone dite ‘Clarion-Clipperton Fracture Zone’ dans l'océan Pacifique. Le WWF-Belgique demande à être informé de la manière dont le gouvernement donnera suite aux commentaires recueillis lors de la consultation publique informelle organisée à ce sujet par le gouvernement fédéral belge en juillet et août de cette année.

Le WWF-Belgique a formulé de nombreuses recommandations concrètes concernant l'approche méthodologique, l'exhaustivité et l’exploitabilité de l'EIE. Dans l’« executive summary », la déclaration sommaire selon laquelle les effets seront limités n'est pas, ou pas suffisamment, étayée par la description détaillée des effets potentiels. Les lacunes dans les connaissances générales limitent la détermination de l'étendue exacte des impacts, mais ne permettent pas que les impacts soient absents ou d'une importance minime. Compte tenu de la vulnérabilité et du caractère unique de l'écosystème des fonds marins ainsi que du principe de précaution, nous devrions conclure que des impacts significatifs ne peuvent être exclus. De plus, le plan de gestion et de surveillance de l'environnement devrait indiquer clairement ce qui est fait pour éviter les impacts environnementaux et les mesures à prendre si des impacts négatifs inacceptables sont identifiés au cours du projet pilote. Si des effets négatifs sont observés, le principe de précaution doit être appliqué de manière concluante en haute mer, afin de protéger les fonds marins de tout impact négatif.