L'Europe doit se montrer ambitieuse pour une véritable restauration de la nature

L'Europe doit se montrer ambitieuse pour une véritable restauration de la nature

Communiqué de la Coalition belge pour la biodiversité (WWF, BOS+, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt, IEW et BBL), Birdlife et EEB

La loi européenne sur la restauration de la nature, dont la publication est imminente, est une opportunité à ne pas manquer pour la nature et le climat. Mais les ambitions doivent être à la hauteur des enjeux des crises du climat et de la biodiversité. C'est pourquoi Birdlife, EEB et le WWF, ainsi que la Coalition belge pour la biodiversité et plus de 150 autres organisations européennes de protection de la nature et de l'environnement ont envoyé une lettre ouverte aux commissaires européens compétents, Frans Timmermans et Virginijus Sinkevičius, pour leur rappeler les ambitions de leur propre stratégie européenne pour la biodiversité. 

La nouvelle loi sur la restauration de la nature met l'accent sur la nécessité de l’action à grande échelle pour restaurer les différents sites naturels et leur rendre leurs fonctions. Une nature en bon état de conservation est indispensable pour, entre autres, stocker le CO2, assurer la pollinisation des cultures ou pour mieux résister aux épisodes de fortes inondations ou de sécheresses. "De cette manière, nous ne créerons pas seulement un havre de paix pour toute une série d’espèces de plantes et d'animaux menacés, déjà protégés par d'autres législations (Directives Oiseaux et Habitat), mais nous contribuerons également à garantir des effets positifs pour notre propre santé et notre bien-être alors que le climat est en train de se modifier", déclare la Coalition belge pour la biodiversité.

Dans cette lettre ouverte, la Coalition belge pour la biodiversité, ainsi que d'autres signataires du mouvement européen pour la nature et l'environnement, réclament des objectifs quantitatifs fermes et contraignants pour la restauration de la nature : d'ici à 2030, au moins 15 % de l'ensemble de la superficie terrestre et maritime ainsi que de la longueur des cours d’eau doivent être restaurés, afin que leurs écosystèmes retrouvent leur état et fonctions d'origine. Concrètement, cela signifie la restauration de 650.000 km² de surface terrestre, 1.000.000 km² de zones marines et 178.000 km de rivières. 

Pression sur les écosystèmes belges

En Belgique aussi, les écosystèmes sont soumis à de fortes pressions exercées par l'humain et il est urgent de fixer des objectifs contraignants pour restaurer leurs fonctions :

En Wallonie, différents habitats ont fait l’objet de travaux de restauration importants, soutenus notamment par le programme Life (landes sèches et humides, pelouses calcaires, tourbières, etc.). Cependant, le dernier rapport sur l’état de l’environnement wallon indique qu’un seul type d’habitats est considéré comme étant en bon état de conservation : les grottes et cavités souterraines.

Pourtant, le potentiel de restauration est encore présent en Wallonie. Ainsi, pour les habitats prairiaux, moins de 20% des prairies de fauche d’intérêt patrimonial sont incluses dans le réseau Natura 2000, et 17% de ces habitats ont disparu depuis 2014. Au total, ce sont 23.000 ha de prairies d’intérêt biologiques qui n’ont aucun statut de protection.

Selon le dernier rapport sur la nature de 2020, en Flandre, seuls 3 des 44 habitats protégés sont dans un bon état de conservation : les grottes, les slikkes et les dunes à argousiers. En Flandre, 75 % des zones humides ont été perdues depuis la deuxième moitié du XXème siècle. Ce sont pourtant des habitats abritant une nature exceptionnelle et qui jouent le rôle important de tampon contre les sécheresses et les inondations. Il est possible de restaurer 147.000 ha, soit 85 % de ce qui a été perdu ! La remise en eau des tourbières asséchées, comme le montre l’exemple de restauration réussie de la tourbière de la vallée du Zwarte Beek dans le Limbourg, permettra également de stocker des quantités importantes de CO2. Il est également nécessaire de disposer de plus de superficies forestières pour augmenter le stockage du carbone et tempérer les températures en cette période de changement climatique.

En théorie, les réserves naturelles de la mer du Nord sont protégées, mais dans les faits l'extraction de sable, l'aquaculture, la pêche de fond et d'autres activités économiques destructrices se poursuivent sans relâche. Les habitats naturels protégés, tels que les lits de graviers, se retrouvent de ce fait en très mauvais état de conservation. Les populations d’espèces rares, comme certains requins et raies, n’arrivent pas à se reconstituer. Une restauration active de ce type de milieux, couplée au renforcement du statut de protection des réserves marines protégées, est également nécessaire dans les zones marines belges.

Début 2022, la Commission européenne publiera sa proposition de loi européenne juridiquement contraignante sur la restauration de la nature. Ensuite, le Conseil européen et le Parlement délibéreront, en vue d'une adoption dans le courant de l'année 2022. Il appartiendra ensuite à chaque Etat membre de transposer ces principes dans leurs propres politiques.

La Coalition belge pour la biodiversité est un partenariat entre le WWF, BOS+, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt, IEW et BBL. La mission de la coalition est d'arrêter et d'inverser la perte de biodiversité en Belgique et dans ses zones d'influence par un plaidoyer commun auprès des décideurs politiques fédéraux et régionaux belges.