Les forêts belges pourraient accueillir 75 lynx
Les forêts belges pourraient accueillir 75 lynx
« Nous préparons le terrain pour le retour de ce grand félin ».
Bruxelles, le 22 mai 2024 - Le lynx avait disparu de Belgique depuis des centaines d'années, mais il a récemment été repéré à plusieurs reprises dans la vallée de la Semois. Le WWF a demandé à des experts de l'Université Humboldt de Berlin d'étudier le potentiel du retour de cette espèce emblématique. Conclusion : notre pays et ses régions limitrophes comportent de vastes zones d’habitat tout à fait propice à accueillir 75 lynx ! Voilà ce qui ressort d’un nouveau rapport du WWF sur le lynx, publié aujourd'hui à l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité. « Nous allons restaurer au moins 100 hectares de lisières forestières et de zones naturelles ouvertes », explique Corentin Rousseau, biologiste au WWF.
L’étude commandée par le WWF démontre que la nature belge est bien en mesure d’accueillir ce félin emblématique. Plus précisément, deux « hotspots » pour le lynx ont été identifiés : la région occidentale des Ardennes qui borde la zone française du Parc Naturel Régional des Ardennes, et la région de l'Eifel, à la frontière avec l'Allemagne.
Ces deux zones sont localisées dans les chaînes de collines comprenant de larges zones forestières bien connectées et un terrain accidenté, ainsi que peu de perturbations humaines. Elles conviennent donc parfaitement aux lynx.
Pièges photographiques
En 2020, un piège photographique placé dans la vallée de la Semois avait capturé les premières images confirmant la présence d’un lynx en Belgique. 6 mois plus tard, ce même lynx était à nouveau photographié, confirmant qu’il n'est pas de passage et qu’il s’est bien établi chez nous. En 2021, de nouvelles images continuent d’en apporter la confirmation, et des poils sont même récupérés et analysés.
La présence d’un lynx en Belgique a de quoi surprendre. En effet, la plus proche population de lynx confirmée - une toute petite population d’environ 16 individus – vit à 180 km de la vallée de la Semois, dans les forêts des Vosges et du Palatinat, entre la France et l’Allemagne. Le lynx n’ayant pas la même faculté de déplacement que le loup, il est assez rare qu’il parcoure une si grande distance.
Lorsque la présence du lynx en Belgique a été confirmée, le WWF a frappé à la porte de l'Université Humboldt de Berlin. À notre demande, son département géographie a étudié les habitats naturels qui seraient à même d’accueillir des lynx dans le sud de notre pays, ainsi que la connectivité entre ces habitats et les populations de lynx qui vivent dans les pays voisins.
Restaurer et connecter notre nature
Sur la base de la cartographie des habitats qu'ils ont établie et de différentes méthodes de modélisation, les chercheurs estiment que 36 à 111 lynx pourraient s’installer en Belgique, avec une estimation médiane de 75 individus. La Belgique et ses zones limitrophes pourraient donc accueillir 75 lynx !
En en restaurant, en connectant et en protégeant la nature, nous pouvons rendre notre pays plus favorable au lynx – et d'autres animaux en profiteront eux aussi. Par exemple, le Parc national de la Vallée de la Semois, partenaire du WWF, a planifié de restaurer et de créer au moins 100 hectares de lisières et de zones ouvertes dans la forêt d'ici 2026. Des lisières que le lynx affectionne particulièrement, notamment pour s’y embusquer lorsqu’il chasse.
« Nous allons également restaurer au moins 20 hectares de biotopes menacés sur les pentes de la vallée de la Semois », explique Cécile Lesire, experte lynx pour le Parc national de la Vallée de la Semois. « Avec leurs rochers escarpés, ces pentes sont idéales pour le repos et la reproduction du lynx », précise Corentin Rousseau.
Un avenir durable
Les chances que d'autres lynx viennent naturellement en Belgique sont faibles, car les lynx ne parcourent généralement pas de grandes distances. Mais maintenant que des « hotspots » d’habitat favorable ont été scientifiquement déterminés, nous voulons tout de même y préparer le terrain, et travailler également à améliorer leur connectivité. Viendra ensuite le temps de discuter avec les différentes parties prenantes afin d’évaluer si un projet de réintroduction du lynx chez nous - comme cela s'est produit récemment en Allemagne - bénéficierait d'un large soutien.
« Si nous voulons offrir un avenir durable au lynx dans nos paysages fragmentés, les différentes populations d'Europe centrale et occidentale doivent être connectées entre elles. Les forêts belges auraient le potentiel de devenir une belle pièce de ce puzzle ! », conclut Corentin Rousseau.
Retrouvez ici le rapport du WWF-Belgique sur le lynx publié aujourd'hui.
Vous y trouverez des informations sur cette espèce emblématique et les détails des recherches menées par les experts.
Contact Hans Moyson Media Relations Manager WWF-Belgique [email protected] +32 (0) 472 01 17 06 +32 (0) 2 340 09 43 À propos du WWF (World Wide Fund for Nature) Depuis 60 ans, le WWF est l’une des principales organisations indépendantes de préservation de la nature et l’une des plus expérimentées. Il compte plus de cinq millions de membres, donateurs et donatrices, au sein d’un réseau mondial actif dans plus de 100 pays. Le WWF coopère avec d’autres acteurs et actrices pour mettre fin à la dégradation des milieux naturels sur la planète et œuvrer à un avenir où les humains vivront en harmonie avec la nature, par la conservation de la diversité biologique, la promotion d’une utilisation durable des ressources naturelles et la lutte contre la pollution et le gaspillage. Les 10 prochaines années seront cruciales pour aborder les principales menaces qui pèsent sur la nature et sur l’humanité. |