La loi sur la restauration de la nature sauvée de justesse par le Conseil de l’UE, malgré l'abstention regrettable de la Belgique

La loi sur la restauration de la nature sauvée de justesse par le Conseil de l’UE, malgré l'abstention regrettable de la Belgique

« Nous encourageons la Belgique à rejoindre les pays défenseurs de cette loi »

Bruxelles, le 20 juin 2023 - Lors du Conseil “Environnement” de l'UE de ce matin, la majorité des ministres européen·nes de l'environnement ont marqué leur accord avec la proposition de compromis pour une loi européenne sur la restauration de la nature. Le texte a été approuvé par 20 États membres - représentant 66,13% de la population de l'UE. La Belgique s'est abstenue. Cette proposition de compromis avait été préparée par la Suède, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l'UE. Et maintenant ? C’est cette proposition de compromis qui sera présentée comme point de départ du Conseil de l'UE lors des discussions ultérieures pour la loi européenne sur la restauration de la nature qui auront lieu avec la Commission européenne et le Parlement européen.

Le fait que cette proposition de compromis soit soutenue par la majorité des ministres européen·nes de l'environnement envoie un signal important aux députés européen·nes, qui devront examiner ce texte à la mi-juillet. Le Conseil de l’UE montre ainsi qu’il a choisi de tenir compte de l'appel en faveur d'une loi forte sur la restauration de la nature lancé par plus de 3.300 scientifiques, 100 entreprises européennes et 830.000 citoyen·nes européen·nes. La majorité des ministres européen·nes de l'environnement montrent ainsi qu'ils et elles veulent relever le défi et mettre en pratique la loi sur la restauration de la nature qui leur a été soumise.

« Nous espérons donc que les députés (belges) au parlement européen ont écouté attentivement aujourd'hui », déclare Reine Spiessens, responsable du plaidoyer sur la biodiversité au WWF-Belgique et coordinatrice de la Coalition belge pour la biodiversité.

Si les Etats membres ont bien noté qu'un financement spécifique pour la restauration de la nature sera nécessaire pour mettre en œuvre cette proposition de loi, ils ont toutefois également diminué de manière significative le niveau d'ambition de la proposition de loi. Il incombe à la présidence européenne espagnole, qui débutera le 1er juillet 2023, de défendre une loi ambitieuse sur la restauration de la nature, en évitant tout au moins d’affaiblir davantage la proposition qui a été adoptée aujourd'hui.


Une honte pour la Belgique 

Les ministres belges de l'environnement ne sont pas parvenus à un accord interne concernant le soutien de la Belgique à la loi européenne sur la protection de la nature - et ils se sont donc abstenus aujourd'hui. C'est d'autant plus regrettable que la ministre flamande de l'environnement, Zuhal Demir (N-VA), semblait affirmer vendredi dernier que le texte qui leur était soumis allait dans la bonne direction.

La position belge est d'autant plus décevante que la Belgique avait fait preuve d’ambition lorsqu’elle s'était prononcée en faveur de la loi sur la restauration de la nature lors du Conseil "Environnement" de l'UE de décembre dernier. « En six mois, la Belgique est passée d’un pays défenseur de cette loi à un pays qui s’abstient. Au cours des nombreux dialogues qui vont suivre, nous encourageons la Belgique à rejoindre les pays qui soutiennent cette loi et à co-adopter ensemble une loi ambitieuse sur la restauration de la nature », déclare Reine Spiessens.

Il a également été désolant de constater que le Parti populaire européen (PPE) et d’autres groupes de lobby ont activement diffusé de la désinformation et des fake news au sujet de la loi sur la restauration de la nature. Même auprès de plusieurs politicien·nes belges, cette désinformation a prévalu sur des faits scientifiquement prouvés tels que l'impact de la perte de biodiversité et des écosystèmes endommagés sur notre société. L’urgence de restaurer la nature et d'adopter une loi à ce sujet est délibérément ignorée au profit de jeux politiques partisans. Et cela même alors qu’il était clair dans l'appel direct du commissaire Frans Timmermans à la Ministre Demir au cours de la session que la proposition modifiée tenait justement compte des préoccupations exprimées par la Belgique.


Mauvais élève

Cette abstention de la Belgique va à l'encontre des ambitions internationales pour la nature que la Belgique a affichées précédemment. Lors de la COP15 de décembre 2022 sur la nature et la perte de biodiversité, notre pays a soutenu l'accord de Kunming-Montréal. Cet accord prévoit la restauration d'au moins 30% des zones d'écosystèmes dégradés d'ici à 2030.

Plus encore que les autres États membres, la Belgique a cruellement besoin d'une loi sur la restauration de la nature, car notre pays est le plus mauvais élève de l'UE en ce qui concerne l’état de conservation de nos habitats naturels. Quelque 95% des habitats naturels de notre pays sont actuellement dans un état de conservation défavorable. 


50% de l'économie mondiale

Notre société et notre économie sont profondément dépendantes de la nature : qu’il s’agisse de notre alimentation, de notre santé (mentale et physique), des matières premières et d’autres besoins fondamentaux tels que l'eau potable et l'air pur. Pour rappel, plus de 50% du PIB mondial - et donc de notre économie - dépend de la nature. La Banque centrale européenne avertit elle-même que nos entreprises sont dépendantes de ressources naturelles et d’écosystèmes qui sont aujourd'hui menacés par le déclin continu de la biodiversité et par le changement climatique.

« Le Conseil des ministres européen·nes de l'environnement a envoyé aujourd'hui un signal fort au Parlement européen : les États membres sont prêts à adopter ET à mettre en œuvre une loi pour restaurer la nature. Le Parlement européen et ses membres belges ne peuvent pas ignorer ce signal - ils doivent y voir un encouragement à voter en faveur d'une loi forte sur la restauration de la nature. Nous appelons donc les représentant·es belges à honorer leurs engagements pris lors de la COP15 et à se poser en défenseurs de la loi européenne de restauration de la nature », conclut Reine Spiessens.

Note : Le texte a été adopté par 20 États membres, représentant 66,13 % de la population de l'UE. 5 États se sont opposés : la Finlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne et, fait remarquable, la Suède elle-même. La Belgique et l'Autriche se sont abstenues.

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À propos du WWF (World Wide Fund for Nature) : Depuis 60 ans, le WWF est l’une des principales organisations indépendantes de préservation de la nature et l’une des plus expérimentées. Il compte plus de cinq millions de membres, donateurs et donatrices, au sein d’un réseau mondial actif dans plus de 100 pays. Le WWF coopère avec d’autres acteurs et actrices pour mettre fin à la dégradation des milieux naturels sur la planète et œuvrer à un avenir où les humains vivront en harmonie avec la nature, par la conservation de la diversité biologique, la promotion d’une utilisation durable des ressources naturelles et la lutte contre la pollution et le gaspillage. Les 10 prochaines années seront cruciales pour aborder les principales menaces qui pèsent sur la nature et sur l’humanité.


À propos de la Coalition belge pour la biodiversité :
La Coalition belge pour la biodiversité est un partenariat entre le WWF, BOS+, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt, Canopea et Bond Beter Leefmilieu. La mission de la coalition est d'arrêter et d'inverser la perte de biodiversité en Belgique et dans ses zones d'influence par un plaidoyer commun auprès des décideurs politiques fédéraux et régionaux belges.