"Ces votes serrés sont totalement absurdes."

Bruxelles, 15 juin 2023 - La nature et la liste de plus en plus longue des parties prenantes (1) soutenant la loi sur la restauration de la nature, peuvent souffler (du moins temporairement). La Commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen a décidé cet après-midi, par un vote très serré, de ne pas rejeter la proposition. Pourtant, des groupes conservateurs et de droite ont tout fait pour saper le projet de loi.

En raison de jeux politiques partisans et des efforts continus du Parti populaire européen (PPE) pour faire rejeter la loi, tous les compromis négociés inclus dans la proposition de loi sur la restauration de la nature n'ont pas été soutenus. Il y a maintenant des divisions sur de nombreuses questions.

La commission ENVI n'a donc pas eu suffisamment de temps pour voter sur tous les amendements. Après plus de trois heures, le vote sur les amendements restants non traités a été reporté au 27 juin.

Désinformation

Le Parti populaire européen a répandu de la désinformation pendant des mois par le biais de diverses manœuvres. Les membres de la frange qui refusaient de suivre la ligne du parti ont été remplacés afin de pouvoir rejeter la proposition.

La frange a même décidé de se retirer complètement des négociations et de s'opposer aux amendements visant à fournir une aide financière aux agriculteurs mettant en œuvre des mesures de restauration.

Malgré ces revers, d'autres groupes parlementaires (S&D, les Verts, la gauche et une majorité de Renew) sont restés fermes. Ils ont voté en faveur des citoyen·nes, des agriculteurs et agricultrices, des pêcheur·euses et des entreprises tous menacés par les conséquences du changement climatique et de la perte de biodiversité.

Jour sombre pour la démocratie européenne

Reine Spiessens, chargée de plaidoyer sur la biodiversité pour le WWF Belgique et coordinatrice de la Coalition belge pour la biodiversité, a déclaré “Il s'agit d'une victoire mince pour la nature, mais d'une journée sombre pour la démocratie, car il semblerait que les parlementaires ne puissent plus voter en fonction de leurs convictions propres, basées sur des faits scientifiques ou pour les bienfaits des citoyen·nes qu’ils représentent. Aujourd'hui, plus de 3 300 scientifiques, 90 grandes entreprises européennes et 830 000 citoyen·nes appelant à l'adoption d'une loi solide en faveur du rétablissement de la nature ont été ignoré·es par 50 % des membres de la Commission de l'Environnement du Parlement européen.”

"Ces résultats de vote serrés sont tout simplement absurdes, car il est on ne peut plus évident que nous sommes grandement dépendant·es de la nature dans tous les aspects de notre société, tels que la sécurité alimentaire, la santé, l'économie, le climat, la biodiversité, et bien d'autres encore. Les semaines à venir revêtent une importance cruciale pour les membres du Parlement européen, qui ont l'occasion de préserver la loi sur le rétablissement de la nature et la crédibilité de l'Union européenne, tout en concrétisant le Pacte vert. Nous exhortons nos député·es européen·nes belges à saisir cette opportunité." conclut notre experte.

Les amendements restants et le rapport final seront votés lors de la prochaine session de la commission ENVI le 27 juin. Ce vote déterminera également ce qui sera soumis au vote en plénière du Parlement européen.

Notes

 [1] La loi sur la restauration de la nature a reçu le soutien des industries dédiées à l'énergie éolienne et solaire, des scientifiques, de la communauté agricole progressiste, des chasseurs européens, des institutions financières, des bourgmestres européens, d'un nombre croissant d'entreprises et d'associations d'entreprises, de plus de 800 000 citoyen·nes appelant à des lois ambitieuses sur la restauration de la nature par le biais de diverses campagnes lancées par la coalition #RestoreNature (y compris Avaaz), WeMove, les Verts européens, etc. 

Spécifiquement en Belgique, quelque 25 000 citoyen·nes, scientifiques (dont 1, 2) et institutions scientifiques, entreprises belges (1, 2) et entreprises internationales basées en Belgique (voir initiatives de l'UE), et organisations agricoles progressistes (1, 2) se sont exprimés en faveur de la loi.

[2] La commission a d'abord voté sur l'amendement visant à rejeter le projet de loi, avec un résultat de 44-44, ce qui signifie que l'amendement n'a pas été adopté.

À propos de la Coalition belge pour la biodiversité 

La Coalition belge pour la biodiversité est un partenariat entre le WWF, BOS+, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt, Canopea et Bond Beter Leefmilieu. La mission de la coalition est d'arrêter et d'inverser la perte de biodiversité en Belgique et dans ses zones d'influence par un plaidoyer commun auprès des décideur·ses politiques belges.