Temple des tigres : la fin d'un juteux commerce

Temple des tigres : la fin d'un juteux commerce

Suite à des soupçons de trafic illégal, les autorités thaïlandaises sont intervenues pour secourir les tigres captifs du Temple des tigres.

 

Commerce illégal des tigres 

Le "Temple des Tigres" de Kanchanaburi, à quelques heures de Bangkok, qui se présentait comme un véritable sanctuaire pour les tigres, cachait en réalité un élevage illégal, dont les ventes représentent un bénéfice énorme. Le nombre de tigres y est passé de 18 en 2007 à 147 en 2016. Le Temple, qui ne dispose d’aucune licence pour élever ou même garder des tigres en captivité, n’a cessé d’ignorer les interdictions du gouvernement thaïlandais en la matière. L’établissement a également continué à vendre des entrées au public et à leur permettre d’approcher les animaux, bien que cela ait également été prohibé.

Au mois de janvier, l’organisation environnementale australienne Cee4life avait déjà publié un rapport qui soulignait les soupçons de trafic pesant sur le Temple et mettait en évidence des pratiques qui violent non seulement la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) mais aussi la législation thaïlandaise, qui interdit l’importation ou l’exportation de tigres et de parties de leur corps sous peine de quatre ans d’emprisonnement et/ou de 40 000 bahts d’amende.

Interventions et découvertes horrifiantes

Suite à ces allégations, le DNP (Département thaïlandais pour la conservation des parcs nationaux, de la faune et de la flore) a récemment pris la décision d’intervenir pour secourir la centaine de tigres en captivité au sein du Temple. Les animaux ont ensuite tous été redirigés vers des refuges sûrs et légaux.

Au cours de cette intervention, les autorités ont également découvert les cadavres de 60 tigreaux, congelés ou conservés dans du formol ou du vinaigre, quelques peaux complètes de tigres, destinées à la vente illégale, ainsi que des centaines de petites amulettes contenant des morceaux de peau.

Vers des mesures plus strictes

Le WWF encourage désormais le DNP et la police thaïlandaise à enquêter de manière plus approfondie sur base des allégations formulées par Cee4life, à veiller à ce que les tigres évacués soient recueillis dans des refuges gérés par le DNP et qu’ils soient équipés de puces électroniques afin qu’ils ne se retrouvent jamais sur le marché noir.

Par ailleurs, la fermeture définitive du "Temple des tigres" et d’établissements similaires nuirait grandement à ce large réseau de commerce illégal, corrompu et cruel, et permettrait au DNP de concentrer ses efforts sur la protection des tigres sauvages dans le pays.

La Thaïlande, bientôt bon élève ?

Les quelque 1 300 tigres captifs dans au moins 33 établissements thaïlandais ternissent la réputation du pays en matière de protection des tigres. Le WWF voit dans ces récents événements impliquant le "Temple des tigres" l’occasion d’attirer l’attention sur la nécessité de protéger et sauvegarder les tigres à l’état sauvage dans le pays. L'Inde, le Népal et la Russie ont montré que lorsque les gouvernements font de la conservation du tigre une priorité, les populations peuvent augmenter.

La Thaïlande dispose d’un large réseau de parcs et de réserves exceptionnels. En implémentant le "Thailand Tiger Action Plan 2010-2022" et en respectant les réglementations de la CITES, le pays pourrait devenir l’un des chefs de file en matière de protection et de sauvegarde des tigres sauvages.