Nassonia : une opportunité pour la nature

Nassonia : une opportunité pour la nature

Le WWF se positionne en faveur du projet, car il incarne la vision que nous défendons à l’échelle planétaire.

 

Le projet Nassonia a pour objectif de dédier 1 500 hectares de forêts à la biodiversité, en combinant à la fois la préservation et la restauration de la nature, le développement économique et la participation citoyenne à l'échelon local. Le WWF affirme publiquement son soutien au projet Nassonia. Antoine Lebrun, Directeur général du WWF-Belgique, explique pourquoi la Wallonie a besoin d'un tel projet. 

A l’échelle planétaire, la biodiversité est en net déclin tandis que la pression sur les ressources naturelles continue de croître. Selon notre dernier rapport Planète Vivante, les populations de vertébrés ont décru de 52% depuis 1970 et il faut les ressources d’une planète et demi pour combler nos besoins actuels. Chaque année, nous nous endettons donc davantage vis-à-vis du capital que nous offre la Nature et hypothéquons de ce fait l’avenir des générations futures. Cela n’est pas soutenable.

Face à ce constat alarmant, l’annonce du projet Nassonia par la Fondation Pairi Daiza est une vraie bonne nouvelle. Pour la première fois en Wallonie et à cette échelle, nous voyons émerger un projet qui combine la préservation et la restauration de la nature, le développement économique et la participation citoyenne à l’échelon local. C’est un modèle de développement que nous souhaiterions voir émerger plus souvent. Qui plus est cette initiative est d’origine privée, non publique, ce qui la rend encore plus remarquable.

La Nature est un fondement essentiel de l’identité et du bien-être des sociétés humaines, c’est aussi une source de richesse sous-estimée et très mal considérée par le modèle économique dominant. La protection et la restauration des écosystèmes et des espèces qui les habitent sont un levier du développement humain et économique, et cela ouvre de nouvelles perspectives de développement pour des régions qui sont aujourd’hui délaissées ou économiquement sinistrées. Des exemples de ce type existent, comme le Parc National de Haute-Campine, et les opportunités sont nombreuses, notamment dans le Sud du pays, comme : rendre aux rivières de Wallonie leur caractère sauvage, développer le potentiel des écosystèmes qui ont colonisé les paysages de terrils, considérer la capacité du massif forestier ardennais à accueillir à nouveau des grands carnivores, etc.

Car la nature en Wallonie possède de nombreux atouts. Ses massifs forestiers sont connectés à un ensemble forestier qui traverse l’Europe, depuis les Carpates jusqu’aux Pyrénées et l’opportunité existe de développer un modèle économique basé sur la mise en valeur d’une Nature à haute valeur ajoutée. Ces atouts naturels sont aujourd’hui sous- estimés, notamment parce que les forêts wallonnes ont été en grande partie transformées à des fins d’exploitation humaine (plantation de résineux, production de bois, pâturages, etc.) et qu’elles ont de ce fait perdu une large partie de leur biodiversité et donc de leur intérêt en tant qu’écosystème. Or c’est précisément ce que propose le projet Nassonia : restaurer la forêt dans son « état naturel » tout en développant des activités économiques avec à la clé des emplois pour les populations locales. C’est une opportunité pour la Nature, pour la Wallonie et ses habitants.

Protéger les forêts et les restaurer vers un état naturel ne se limite pas à des enjeux régionaux, économiques et de biodiversité. En tant qu’écosystèmes, les forêts nous rendent de nombreux services gratuits et inestimables : la résistance au changement climatique (via le stockage du carbone et les micro-climats forestiers), le recyclage de l’air et de l’eau indispensables à la vie sur terre (via notamment la photosynthèse) ; la préservation des sols (lutte contre l’érosion) ; la fourniture d’une matière première renouvelable (le bois) et tant d’autres bénéfices pour la santé, la science, la culture ou encore la spiritualité.

Pour le WWF, le projet Nassonia incarne, en Wallonie, la vision que nous défendons à l’échelle planétaire. Adeptes d'une philosophie basée sur le dialogue et le respect de l'autre, nous œuvrons quotidiennement pour que le développement humain puisse se faire en harmonie avec la Nature. Nous espérons que les responsables politiques wallons sauront reconnaître la valeur et la qualité de la vision incarnée dans le projet Nassonia, qu’ils verront les opportunités que cela ouvre pour le futur de la région et de ses habitants. Nous soutenons pleinement ce projet et espérons vivement qu’il recevra tout le soutien qu’il mérite.

Antoine Lebrun

Directeur du WWF-Belgique