Meubles, déco et langue de bois ? le WWF dévoile les secrets de nos objets

Meubles, déco et langue de bois ? le WWF dévoile les secrets de nos objets

Une étude du WWF révèle que du bois non déclaré à haut risque d’illégalité se retrouve dans des meubles, objets de décoration et matériel de bricolage vendus en Belgique. 49 produits en bois vendus dans 11 grandes enseignes ont été analysés en laboratoire. Les résultats scientifiques révèlent que dans près de 50% des cas (22), les magasins ont fourni des informations incomplètes ou erronées sur l’origine et l’essence de bois. Afin de protéger les forêts, le WWF demande aux entreprises de mieux contrôler leurs chaînes d’approvisionnement et aux autorités de sanctionner les contrevenants. 

Une pression sur les forêts

L’abattage illégal de bois est l’une des plus grandes menaces pour les forêts à travers le monde. La destruction d’écosystèmes forestiers compromet la régulation du climat, contribue au déclin de la biodiversité et facilite la propagation des virus. Au niveau mondial, 15 à 30% des volumes de bois sont issus d’une coupe illégale, selon INTERPOL. Par ailleurs, ce commerce lucratif est étroitement lié à la corruption et au crime organisé.

En Europe, l’importation de bois et de produits en bois est soumise à trois lois : Le Règlement Bois de l’Union Européenne qui interdit la mise sur le marché de bois illégal, la convention CITES qui protège les espèces menacées et les FLEGT, les licences de légalité du bois spécifiques à l’Indonésie. A travers son étude, le WWF a voulu savoir si les grands magasins de meubles, décoration et bricolage connaissent réellement la composition des produits en bois qu’ils commercialisent en Belgique.

LLe WWF a analysé 49 produits vendus dans 11 grandes enseignes. Une attention particulière a été portée aux produits transformés (tables basses, tabouret, banc, penderie, cadre photo, lanterne, …) composés de bois différents ou de bois issus de régions à haut risque d’illégalité. Les tests anatomiques et isotopiques ont permis de déterminer l’essence et l’origine géographique probable du bois.

Les résultats scientifiques ont révélé des divergences avec les déclarations des entreprises dans 22 produits sur les 49 analysés. Dans 15 cas, les incohérences concernaient des espèces de bois qui figurent sur la liste rouge de l’IUCN (bintangor, okoumé et palissandre, par exemple) et/ou issues de régions à haut risque d’abattage illégal (Asie Sud-Est, Afrique centrale, Europe de l’Est).

Deux failles majeures

LLes résultats de l’enquête du WWF mettent en avant deux failles majeures qui permettent l’importation de bois illégal en Belgique. La première concerne les chaînes d’approvisionnement des entreprises. Certaines enseignes vendent des produits dont elles ne connaissant ni la composition, ni l’origine, alors qu’il s’agit là d’informations primordiales pour pouvoir vérifier la légalité du bois. Ces enseignes ne disposent donc d’aucune garantie que ce bois ne soit pas issu d’une forêt exploitée illégalement, malgré le Règlement Bois qui est sensé écarter le bois illégal du marché européen. Le WWF pointe une deuxième lacune importante concernant la législation. Une série d’objets échappent au Règlement Bois de l’Union Européenne. Pour pouvoir être importée en Belgique, une table en bois doit être fabriquée à partir de bois légal. En revanche, les chaises, tabourets, bancs, objets de décoration, cadres photos, accessoires pour animaux et plateaux en bois échappent à la réglementation. Le WWF a décelé du bois à haut risque d’illégalité dans ce type d’objets exclus du Règlement Bois. Du bois illégal peut donc entrer légalement en Belgique !

Les solutions pour garantir du bois légal en Belgique

Les méthodes d’analyses du bois permettent de démasquer les fausses déclarations des entreprises. Le WWF demande plus de contrôles et d’analyses scientifiques pour identifier des violations aux réglementations ainsi que la mise en place de sanctions dissuasives pour les entreprises qui manqueraient à leurs obligations. Les pouvoirs publics doivent plaider pour un Règlement Bois plus fort au niveau européen et un élargissement de son champ d’action pour qu’il s’applique à tous les produits en bois.

Les entreprises peuvent jouer un rôle clé dans la bonne gestion des ressources forestières à travers le monde. Pour y arriver, elles doivent vérifier l’origine de leurs produits et prendre des engagements pour assurer une chaîne d’approvisionnement bois 100% responsable. Quant aux consommateurs, ils peuvent aussi jouer un rôle dans la protection des forêts en choisissant des produits de deuxième main ou certifiés selon des normes crédibles et solides. Le WWF considère la certification FSC comme étant la plus robuste.

Update : Cet article a été mise à jour en mars 2021 pour refléter les résultats de l'étude à la suite de la mise à disposition d'informations qui n'étaient pas connues au moment de la publication en novembre 2020.

Bois à risque d'illégalité non déclaré : que cachent nos meubles ?

Results of tests carried out on wooden products on the belgian market