L'exploitation minière des fonds marins : une catastrophe environnementale évitable

L'exploitation minière des fonds marins : une catastrophe environnementale évitable

Le rapport "In Too Deep : What We Know, And Don't Know, About Deep Seabed Mining", présenté aujourd'hui par le WWF, soutient qu'il y a encore trop d'inconnues et que de nombreuses recherches sont nécessaires dans le domaine de l'océanographie, de la politique et des innovations industrielles avant que les activités minières ne soient autorisées dans les fonds marins. En Belgique, le Parlement a adopté récemment une résolution décevante qui montre que notre pays se préoccupe davantage des intérêts privés que de l'océan et de toute la vie qui en dépend.  

 

Selon le WWF, les plans de l'industrie visant à exploiter les fonds marins pour y extraire des métaux et des minerais tels que le cobalt, le lithium, le manganèse et le nickel auraient un impact destructeur sur les écosystèmes et la biodiversité. Un effet de domino est donc à craindre pour la pêche et la sécurité alimentaire, ainsi que des effets négatifs sur les cycles du carbone et des nutriments dans l'océan.

"L'industrie fait croire que l'exploitation minière des grands fonds marins est nécessaire pour répondre à la demande de métaux qui composent les batteries des véhicules électriques et les gadgets électroniques que nous avons dans les poches. Mais ce n'est pas le cas", déclare Jessica Battle, responsable de l'initiative du WWF "Non à l’exploitation minière des fonds marins". "Nous n'avons pas besoin de nuire à la santé de l'océan pour construire une société faible en carbone. Nous devons plutôt nous concentrer sur l'économie circulaire, l'innovation et la recherche de produits et de procédés qui exigent moins de ressources".

Le rapport souligne les principaux risques environnementaux et sociaux de l'exploitation minière des fonds marins. Il balaye aussi les affirmations de l’industrie selon laquelle les dégâts peuvent être atténués. Etant donné la croissance lente des organismes des fonds marins, il est peu probable que les habitats détruits se rétablissent à l’échelle d’une vie humaine. Les écosystèmes marins sont interconnectés et de nombreuses espèces migrent. Par conséquent, l'exploitation minière des fonds marins ne peut jamais se faire de façon isolée et les perturbations peuvent facilement traverser les frontières territoriales. Les effets négatifs sur la pêche mondiale menaceraient la principale source de protéines d'environ un milliard de personnes et les moyens de subsistance d'environ 200 millions de personnes, dont beaucoup vivent dans des communautés côtières pauvres.

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La Belgique est tout sauf un "Blue Leader" 

Le WWF, de nombreuses autres organisations, dirigeants politiques et scientifiques, appellent à un moratoire mondial sur l'exploitation minière des fonds marins tant que les risques écologiques, sociaux et économiques ne sont pas pleinement compris, que les alternatives ont été épuisées et qu’il est démontré que l’exploitation minière des fonds marins peut garantir une protection efficace des écosystèmes et de la biodiversité.

Dans une résolution du 28 janvier 2021 sur l'exploitation minière des fonds marins, le Parlement n'a pas appelé à soutenir un tel moratoire international. Selon le WWF et d'autres ONG, c'est une occasion manquée. Notre pays se présente comme le "leader bleu" et affirme être un pionnier de la protection des océans en s'efforçant d'atteindre (1) un nouvel objectif international visant à protéger au moins 30 % des océans de la planète d'ici 2030 ("30x30") et (2) des négociations fructueuses sur un nouveau traité solide des Nations unies pour les eaux internationales. Dans la pratique, cependant, cela n'est pas perceptible et, en ce qui concerne les grands fonds, l'accent est mis principalement sur les opportunités économiques, alors que le principe de précaution devrait être appliqué et que les risques pour l'être humain et la nature devraient être étudiés en priorité.

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WWF : nous avons besoin d'une économie bleue durable. 

Sarah Vanden Eede, chargée de mission Océan au WWF-Belgique : "Les grands fonds marins sont le patrimoine commun de l'humanité. Cela signifie que toutes les générations ont le droit d'avoir leur mot à dire en la matière et d’en bénéficier. Opter pour l'exploitation minière des fonds marins est prématuré et risqué pour les êtres humains, la nature, l'environnement et le climat. Le meilleur choix est d'aller à fond pour une économie de partage circulaire qui respecte les limites de l'océan et de la planète".

Le WWF appelle à une transition vers une économie durable et "bleue", qui apporte des avantages sociaux et économiques aux générations actuelles et futures ; une économie qui restaure, protège et maintient la diversité, ainsi que la productivité et la résilience des écosystèmes marins. Cette transition doit être basée sur des technologies propres, des énergies renouvelables et des flux de matiériaux circulaires. Soutenir l'exploitation minière des fonds marins en tant qu'industrie serait contraire à l'objectif de transition vers une économie circulaire ainsi qu'aux objectifs de développement durable (SDG) de l'Agenda 2030 des Nations Unies.

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