Le WWF et plus de 150 organisations demandent une loi forte pour la restauration de la nature

Le WWF et plus de 150 organisations demandent une loi forte pour la restauration de la nature

 Plus de 150 organisations non-gouvernementales, dont le WWF, demandent à la Commission européenne une ambition plus forte pour la loi européenne sur la restauration de la nature, actuellement dans la phase finale de préparation par la Commission européenne. Cette nouvelle loi offre d’importantes opportunités pour faire face aux crises du climat et de la biodiversité, et ce également pour la Belgique, mais les autorités doivent montrer la voie.

Un important projet de loi qui vise à imposer aux États membres européens de restaurer activement la nature est sur la table de la Commission européenne. La restauration de la nature à grande échelle permet non seulement d’améliorer la biodiversité et le stockage de carbone, mais offre également une série de services essentiels pour la nature et l’humain : la protection contre les inondations, le stockage d’eau dans les sols ou encore la prévention des incendies de forêt. La restauration de forêts naturelles ou de tourbières sont des exemples de solutions fondées sur la nature efficaces pour atténuer le réchauffement climatique d’ici à 2030.

Restaurer 15 % de nature d’ici à 2030

Le WWF et 150 organisations de protection de l’environnement appellent à établir un objectif clair pour 2030 : restaurer au moins 15% de terres, longueur de rivières et mers de l’Union européenne. Cela permettrait de restaurer de 650 000 kilomètres carrés de surface terrestre, un million de kilomètres carrés de surface marine et 178 000 kilomètres de rivières.

Pour atteindre 15 % de surfaces restaurées d'ici 2030, nous avons besoin d'une action à grande échelle. Par conséquent, les travaux de restauration de la nature ne peuvent pas dépendre d'initiatives volontaires. Il appartient aux autorités de dégager des ressources et d'assumer un rôle de coordination et de guide afin que les projets de restauration de la nature, qu’ils proviennent d’agences gouvernementales ou d’initiatives non gouvernementales, trouvent leur place dans une approche planifiée.

Les écosystèmes ne s’arrêtent pas aux frontières

De plus, les écosystèmes ne s'arrêtent pas aux frontières, il est donc important de prendre en compte les paysages naturels à l’échelle européenne lors de l'élaboration des plans de restauration. Par exemple, au sein de l’initiative « Grands Carnivores pour l’Europe », le WWF travaille sur la restauration des habitats et les solutions aux conflits entre humains et animaux, dans un contexte de retour des grands prédateurs comme le loup ou le lynx. Ces derniers font également leur retour en Belgique et la coopération transfrontalière est plus que jamais nécessaire.

Les cours d'eau et leurs bassins versants représentent également un écosystème typiquement transfrontalier. Nos principaux systèmes d'eau douce ont besoin d’action : les objectifs de la Directive-cadre sur l'eau ne sont pas atteints pour la majorité des cours d'eau européens et leur eau n'est toujours pas conforme aux normes de bonne qualité. Dans le même temps, les populations de faune d'eau douce ont diminué de 84 % depuis 1970. Beaucoup de nos rivières ont également été modifiées par l’humain : elles ont été redressées et resserrées dans des murs de béton, et leurs plaines inondables ont été détruites. La conséquence, c’est qu’elles ne peuvent plus fournir des services essentiels à la population, comme la protection contre les inondations. Le WWF travaille au sein de « Living Rivers Europe », une coalition d'ONG qui s'efforcent d'améliorer la mise en œuvre de la Directive-cadre européenne sur l'eau dans tous les pays qui partagent des bassins hydrographiques.

La restauration de la nature est cruciale, cette loi l’est tout autant

A l’échelle mondiale, les activités humaines ont altéré considérablement trois quarts des surfaces terrestres et deux tiers de l’océan au cours des dernières décennies. Cela a conduit à un déclin catastrophique de la biodiversité et exacerbé le réchauffement climatique.  

Déborah Van Thournout, porte-parole du WWF Belgique, déclare : « La nature se dégrade en Europe et en Belgique et le changement climatique ne fait qu'empirer la situation. Pour infléchir la courbe de la perte de biodiversité, la protection des sites naturels existants d'Europe est essentielle, mais ne suffira pas. La restauration de la nature à grande échelle doit devenir une obligation légale pour tous les États membres de l'UE – et nous devons déjà faire de gros progrès d'ici 2030. La proposition de loi européenne à venir pourrait être cruciale pour notre climat, notre biodiversité, ainsi que pour les personnes, si la proposition de la Commission est suffisamment ambitieuse. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer cette opportunité ».

Gagnant-gagnant pour l’humain et la nature

La restauration de la nature à grande échelle est profitable tant pour les personnes que pour la nature. L’un des exemples concrets auquel le WWF a contribué, ce sont les zones humides de Mahmudia, dans le delta du Danube roumain : 300 espèces d'oiseaux y ont trouvé un foyer. Dans le même temps, les personnes qui vivent dans la région bénéficient du stock de carbone que cette zone constitue, d'une protection contre les inondations et d'un secteur écotouristique en plein essor.

Un autre exemple « gagnant-gagnant », c’est le Parc Marin de la Côte Bleue, près de Marseille. Depuis 37 ans, collectivités locales et pêcheur·euse·s professionnel·les travaillent ensemble pour permettre le développement durable des petites activités de pêche, tout en protégeant les milieux et espèces typiques du littoral méditerranéen comme les plantes sous-marines et les récifs coralliens. Résultat : des espèces comme le Mérou brun sont revenues au large des côtes du sud de la France.

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