La restauration des milieux naturels nous rend plus résilients face aux inondations

La restauration des milieux naturels nous rend plus résilients face aux inondations

Alors que la Belgique, l’Allemagne et la Turquie se remettent d’inondations historiques, un nouveau rapport indique comment les solutions basées sur la nature peuvent contribuer à réduire l’impact de telles catastrophes dans toute l’Europe. Le nouveau rapport de Deltares, réalisé à la demande du WWF et initié lors de la Semaine mondiale de l’eau, indique que la restauration des caractéristiques naturelles et de la dynamique des fleuves et rivières améliore durablement la résistance aux inondations, et que cette solution est moins coûteuse que les solutions techniques traditionnelles. Notre pays a lui aussi des leçons à tirer de ce rapport. Le WWF formule déjà des recommandations.

Le rapport démontre que le rétablissement du cours naturel des rivières est plus économique que les solutions traditionnelles mettant en œuvre des infrastructures en dur. C’est encore plus net lorsqu’on prend en considération les avantages pour la qualité de l’eau, la rétention des nutriments et l’atténuation des risques d’inondation. En Belgique et en Allemagne, des inondations catastrophiques ont dévasté des villes et des villages et plus de 200 personnes ont perdu la vie rien que cette année. D’après les estimations du dernier rapport du GIEC, les précipitations intenses et les inondations qui les accompagnent seront plus sévères et plus fréquentes sur la plupart des régions du continent avec l’élévation de la température globale de 1,5°C ou plus par rapport à l’ère préindustrielle.

La Meuse et le Rhin ont perdu la totalité de leurs plaines inondables

Quand des rivières débordent et inondent des villages entiers et des villes, des vies humaines sont en jeu. Aux siècles précédents, l’Europe a vu ses plaines inondables naturelles (également appelées « lits majeurs ») se réduire comme peau de chagrin, de sorte que lorsque le niveau de l’eau s’élève, les grands cours d’eau n’ont plus assez d’espace pour dilater leur cours. C’est ainsi que la Meuse et le Rhin, qui ont l’un et l’autre débordé lors des récentes inondations, ont perdu l’intégralité de leurs plaines inondables.

Le Plan de relance européen, conçu pour contribuer au redémarrage de l’économie après la crise de Covid-19, établit que 37 % des fonds de l’UE doivent soutenir la transition verte, y compris l’adaptation climatique, la biodiversité et les écosystèmes. En Belgique, il a été décidé que près de 50 % des moyens alloués seraient consacrés à « l’investissement vert ». C’est une bonne chose. Le WWF recommande fortement que notre pays saisisse cette occasion pour opter résolument pour la solution la plus durable et économique : redonner plus d’espace aux fleuves.

« La résolution de la crise climatique et la sauvegarde de la biodiversité sont indissociables. Lorsqu’on combine l’augmentation des précipitations intenses, qui résulte du changement climatique, avec le rétrécissement drastique des plaines inondables, on obtient un cocktail délétère pour les humains », souligne Koen Stuyck, porte-parole du WWF Belgique. « Plutôt que d’aller à l’encontre de la nature en consacrant des milliards d’euros à des investissements néfastes pour l’environnement, nous devons investir dans des solutions respectueuses des écosystèmes. La restauration de la nature est devenue une question de survie, non seulement pour la nature mais aussi pour les humains. »

Restaurer les rivières dans leur état naturel

Le WWF appelle les gouvernements fédéral et régionaux à rétablir l’état naturel des fleuves et rivières, et à créer des zones inondables contrôlées. Notre pays doit lui aussi se pencher sur un aménagement du territoire qui réduit notre pression sur l’environnement, investir dans la restauration des milieux naturels hors des villes et villages afin de créer des zones tampons contre les inondations et les sécheresses, et encourager des formes d’agriculture durables qui respectent davantage la capacité des sols à absorber l’eau. Et naturellement, il faut en même temps redoubler d’efforts pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre afin de limiter au maximum le changement climatique.

À l’UE, le WWF demande d’adopter, dans le cadre des prochaines lois relatives à la restauration de la nature, des objectifs ambitieux et juridiquement contraignants en matière de plaines inondables, zones humides et autres écosystèmes qui contribuent à la rétention et au stockage de l’eau. Il s’agit également d’associer une exigence de solutions « basées sur la nature » aux fonds de l’UE consacrés à l’investissement et de donner la priorité à des mesures qui favorisent la rétention naturelle de l’eau, comme la restauration des zones humides, plutôt qu’à des infrastructures artificielles. Enfin, il faut s’assurer que les scénarios liés aux événements hydrologiques ayant une périodicité inférieure à 100 ans soient intégrés dans toutes les stratégies actuelles et futures de l’UE, ainsi que dans les réglementations et les documents de planification, étant donné que ces événements tendent à être de plus en plus fréquents.

Investigating in nature to build resilience: The economic rationale of Nature-based solutions in Europe's rivers and wetlands