La réalité climatique en Zambie

La réalité climatique en Zambie

Nachilala Nkombo, directrice du WWF Zambie, est venue à la COP27 avec le soutien du WWF-Belgique, pour faire entendre la voix des pays africains. Nous avons eu l'occasion de discuter avec elle. 

Nachilala Nkombo est une femme souriante qui parle avec connaissance et passion de son pays et des défis écologiques qu'il connait. Lorsqu'il s'agit des effets du changement climatique, le ton change:  "En Zambie, nous sommes de plus en plus confrontés à de longues sécheresses et à de gros problèmes d'eau. Parfois, il y a trop peu d'eau, ce qui provoque des pénuries dans l'agriculture et entraîne de mauvaises récoltes. D'autres fois, nous avons des pluies diluviennes qui inondent certaines parties de Lusaka (la capitale de la Zambie) au moment même où nous parlons".

Nachilala Nkombo à COP27

Une source d'énergie inépuisable ?

Un autre problème est l'approvisionnement en énergie, qui dépend également de l'eau.  La Zambie est le pays du puissant fleuve Zambèze, qui borde le Zimbabwe voisin et alimente les célèbres chutes Victoria, une attraction touristique majeure dans les deux pays. La consternation a donc été grande dans la région lorsqu'en 2019, cette chute d'eau a presque totalement disparu pour n'être plus qu'un maigre ruisseau. Depuis lors, les périodes de grande sécheresse se succèdent de plus en plus rapidement. 

La directrice du WWF Zambie ajoute, "La Zambie dépend à plus de 90% de l'hydroélectricité et est donc presque totalement indépendante des combustibles fossiles pour son énergie. Mais maintenant que le changement climatique se fait sentir, nous rencontrons de plus en plus de problèmes. Nous devons donc nous diversifier et nous engager également dans l'énergie solaire."

L'agriculture non durable épuise les ressources en eau

L'agriculture consomme énormément d'eau, elle est donc sous pression. "La vulnérabilité et le risque de pauvreté et de faim ont augmenté de façon spectaculaire avec cette nouvelle réalité climatique. Traditionnellement, il y a eu beaucoup d'agriculture : manioc, ignames, patates douces.

"Mais s'ajoutent à cela de plus en plus de cultures intensives et à grande échelle d'huile de palme, de caoutchouc et de cacao. Cela entraîne souvent une utilisation excessive de l'eau et épuise les ressources. Le changement climatique exacerbe ces problèmes."

Que fait le WWF ?

"Nous travaillons avec les agriculteurs·trices, les organisations locales et avec les gouvernements sur différents thèmes à travers, par exemple, des techniques agricoles permettant de mieux utiliser les ressources en eau existantes, des investissements pour protéger les champs des agriculteurs·trices, la mise en place de programmes de restauration de la nature." explique Nachilala Nkombo.

Le WWF Zambie fait également pression en faveur des techniques dites d'agroforesterie, c'est-à-dire la combinaison de différents types de cultures avec des espèces d'arbres qui les protègent, entre autres, des chaleurs extrêmes. En outre, l'utilisation de plus d'engrais et de matériaux organiques qui réduisent la pression de l'agriculture sur l'environnement est aussi mise en avant.

D'autre part, le WWF s'est également concentré sur la sécurisation des puits dans les parcs nationaux et les zones protégées.

Une faune riche également sous pression

La nature souffre de la sécheresse, qui pose également des problèmes aux animaux. La Zambie possède une faune très riche, avec pas moins de 19 espèces différentes d'antilopes, dont les plus familières comme l'impala, le gnou et le waterbuck, mais aussi des hippopotames, des lions et des éléphants. Poussés par le manque d'eau, ces animaux sont plus que disposés à se rapprocher de là où les gens vivent et travaillent. Ils piétinent les cultures, brisent les clôtures ou cherchent de la nourriture dans les villages avec des risques pour la sécurité de la population. Le WWF s'engage donc de plus en plus à éviter les conflits entre les populations locales et la faune sauvage.  

"Il y a quelques années à peine, nous avons vu des dizaines d'éléphants mourir au Zimbabwe en raison d'une sécheresse extrême. Nous allons vraiment perdre des espèces si la communauté internationale n'agit pas, surtout en Afrique. C'est pourquoi les attentes à l'égard de cette COP sont élevées", déclare Mme Nkombo. "Nous avons déjà perdu au moins un demi-million de personnes en Afrique. La COP doit trouver des solutions qui peuvent être mises en œuvre rapidement, et aussi avec le financement nécessaire, pour y remédier."

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