La nouvelle Coalition Biodiversité demande d’urgence aux politiques de prendre leurs responsabilités et tenir leurs promesses

La nouvelle Coalition Biodiversité demande d’urgence aux politiques de prendre leurs responsabilités et tenir leurs promesses

Face au déclin dramatique de notre biodiversité et à l’agenda politique qui se profile en cette fin d’année, le WWF, BOS+, Greenpeace, Natuurpunt en Natagora unissent leurs forces. La nouvelle Coalition Biodiversité formule, dans un manifeste, les priorités de la Stratégie Nationale de la Biodiversité et du Plan d'Action que notre pays doit présenter prochainement. La coalition appelle ainsi les politiques belges à prendre leurs responsabilités et à reconnaître enfin la biodiversité comme pilier stratégique de la société. Cela signifie que la protection et la restauration de la biodiversité doivent être des priorités à tous les niveaux politiques. 

Il est loin, le temps où les chants d’oiseaux résonnaient tout au long de la journée dans nos campagnes. Les rapaces ne dominent plus nos champs d’un vol élégant comme avant. Les quelques espèces de bourdons toujours existantes se contentent des quelques pissenlits que nous leur avons laissés en bord de route. Comment avons-nous pu laisser les choses aller si loin ? 

Il n’y a pas que la nature qui souffre. Cette année, le changement climatique a durement frappé notre pays, avec de terribles inondations dans l'est du pays qui ont ôté des vies et causé des dizaines de milliards de dégâts qui toucheront les populations pendant de nombreuses années. Pour nos agriculteurs également, les dernières années ont été dures, avec des vagues de chaleur successives et une nappe phréatique en baisse constante. Leurs récoltes ont été moins bonnes, voire infructueuses. Le réchauffement climatique et la perte de la nature s’influencent négativement et les humains sont les perdants dans l’histoire. 

Le premier Rapport Planète Vivante du WWF sur la nature en Belgique de septembre 2020 montrait que les populations d'oiseaux des zones agricoles se sont effondrées de plus de 60 % entre 1990 et 2018. Dans les zones forestières, les populations étudiées ont diminué de 26,6 % en moyenne. Diverses études ont montré que la biodiversité avait déjà connu une forte baisse avant 1990, ce qui signifie que nous nous situons aujourd'hui à un niveau historiquement bas, et que les efforts actuels sont insuffisants pour inverser la perte de biodiversité. Seuls 27 % de nos eaux de surface sont encore en bon état écologique. L'agriculture et l'exploitation forestière non durables, ainsi que la destruction, la fragmentation et la pollution des habitats restent les plus grandes menaces pour la biodiversité en Belgique. 

À l'échelle de la planète, les populations de vertébrés ont sombré de 68 % depuis 1970 (Living Planet Report 2020). La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) de l'ONU répertorie un million d'espèces en danger d'extinction. Notre façon de produire, de consommer et de polluer exerce une pression exceptionnelle sur la biodiversité, qui diminue drastiquement partout. Notre pays a également une responsabilité majeure à cet égard, étant donné que la plus grande partie de notre empreinte sur la biodiversité se situe en dehors de nos frontières. Cela signifie que partout dans le monde, la déforestation continue et que la nature, pourtant si précieuse, est convertie en plantations ou en terres agricoles pour faire pousser des cultures que nous consommons, telles que le soja pour alimenter le bétail en Belgique, l'huile de palme, le cacao ou encore le café. 

Les années 2021 et 2022 sont des années décisives pour la biodiversité. Selon la science, nous devons amorcer la transition dès maintenant. Si nous ne le faisons pas, nous risquons de ne plus pouvoir bénéficier des services essentiels que nous fournit la biodiversité, tels la purification et le stockage de l'eau douce, l’absorption du CO2, l'approvisionnement alimentaire et la régulation de notre climat, pour ne citer qu’eux. Il est de notre devoir et de notre responsabilité non seulement d'arrêter ce déclin, mais aussi d’'inverser la tendance en travaillant tant sur la conservation que sur la restauration de la nature à grande échelle. La Conférence des parties à la Convention pour la diversité biologique (CBD COP15) à Kunming, en Chine, est plus que jamais le moment de s’attaquer de manière décisive à cette crise de biodiversité. C’est lors de ce sommet international que se définit le nouveau cadre pour la biodiversité pour les 10 années à venir. Dans le même temps, de nouveaux plans pour la biodiversité doivent être élaborés et mis en œuvre sur les plans régional et national : le Plan d’Action National pour la stratégie pour la biodiversité post-2020, la stratégie flamande pour la biodiversité et la Stratégie wallonne 360°.  

Il nous reste un calendrier très serré de 10 ans pour apporter un changement durable pour la biodiversité qui est si nécessaire. Pour cela, nous lançons un appel à nos politiques, auxquel·les nous demandons aujourd'hui des décisions urgentes et fortes et des investissements publics massifs pour la protection, la restauration et l'intégration de la nature à tous les étages de la société. Il ne faut pas seulement de petits ajustements à la marge, mais une réévaluation approfondie de toutes les politiques qui ont une influence directe ou indirecte sur la nature. Cela signifie que notre société doit opérer un virage à 180 degrés et repenser totalement la relation actuelle entre l'humain et la nature. Ce n'est pas une mince affaire, mais nous n'avons malheureusement plus le choix. 

Pour cette raison, nos cinq organisations se sont associées dans une nouvelle Coalition Biodiversité. Nous voulons amener un plaidoyer fort pour que le monde politique prenne en compte les solutions concrètes et directement applicables que nous offrent la nature. Nous regroupons nos recommandations pour la stratégie biodiversité post-2020 dans un vaste manifeste, que nous remettrons bientôt aux représentant·es du gouvernement. Nous tenons à souligner notre volonté de travailler étroitement et sans délai avec les ministres et les décideur·euses chargé·es de la nature, de l'agriculture, des forêts et de l'environnement. 

Bert De Somviele, directeur de BOS+  

Valerie Del Re, directrice exécutive de Greenpeace-Belgium 

Philippe Funken, directeur de Natagora 

Walter Rycquart, directeur Natuurpunt 

Antoine Lebrun, directeur général du WWF-Belgique