Écogarde, un métier encore trop peu féminisé

Écogarde, un métier encore trop peu féminisé

Première et unique femme garde forestier du parc national de Mae Wong en Thaïlande, Soy Musitachart ouvre la voie aux femmes. Chaque jour, son métier consiste à protéger la biodiversité précieuse de ce paysage, où vit notamment une population de tigres sauvages. Dans le monde, 89 % des écogardes sont des hommes.

Le 23 juin est la Journée mondiale des femmes écogardes (World Female Ranger Day).  Initiée en 2021, cette journée a pour but de sensibiliser et soutenir les femmes écogardes, qui luttent jour après jour sur le terrain contre le fléau qu’est le braconnage. Aujourd’hui, elles sont encore trop peu nombreuses :  moins de 11 %.

Pour l’occasion, zoom sur Soy Musitachart, pionnière de ce métier dans le parc national de Mae Wong, en Thaïlande. Elle dédie sa vie à la protection des espèces comme les tigres sauvages.

Entrez dans le parc national de Mae Wong

Pendant la saison des pluies, on peut sentir l'odeur des arbres en descendant la route sinueuse et glissante qui mène au centre de services du parc national de Mae Wong, à l’ouest de la Thaïlande.

Une fois arrivé dans le parc, le centre de patrouille SMART (Spatial Monitoring And Reporting Tool) se situe sur la droite. Là-bas, la seule femme ranger du parc est au travail.

Soypetch, dite Soy, travaille dans le parc national de Mae Wong depuis 12 ans. 

Grandir dans la forêt

Soy est né à Hat Yai, dans la province de Songkhla. Ses parents vivaient à proximité de réserves naturelles. C’est évidemment de là qu'est né son intérêt pour la protection de la nature. Un an après avoir obtenu son diplôme universitaire, Soy a déménagé à Mae Wong lorsque l'occasion s'est présentée. Mais il n’était pas encore question d’aller sur le terrain, dans la forêt : elle était engagée pour gérer les paperasseries administratives du parc.

Sa première exploration a été le sommet de la montagne Mokoju. « C’est là que j'ai commencé à vraiment aimer les randonnées en forêt », se souvient Soy. Depuis ce voyage, elle est devenue la première femme ranger du parc.

Écogarde : dangers quotidiens et sexisme ordinaire

Au cours de leurs sorties, les gardes forestiers doivent identifier les traces de pas d’animaux, prendre des photos, installer des caméras pièges, notamment pour repérer la présence de tigres. Il faut une excellente condition physique : au-delà de parcourir d’énormes distances à pied, ils portent tout leur matériel pour plusieurs jours. Tout cela en restant toujours attentifs au danger, qui peut survenir partout et à tout moment.

Malgré les difficultés, comme les menaces qui rôdent dans la forêt ou les questions sexistes régulières, rien ne semble épuiser sa motivation.

« On me demande souvent si je ne suis pas un obstacle pour les hommes… Si je ne retiens pas le groupe ! Alors je réponds patiemment : non, parce que je sais parfaitement comment survivre dans la forêt. Je n'ai jamais eu à leur demander de l'aide. Chacun connaît son rôle et il n'y a pas de discrimination dans le groupe », déclare Soy. 

Soy et ses collègues écogardes reçoivent une formation d'experts, organisée par le WWF-Thaïlande. Ils se familiarisent avec les techniques de survie et les compétences techniques. Parmi ces formations, citons l'autodéfense, les premiers secours, l'utilisation d'un GPS et de documents, la lecture de cartes et les techniques de recherche. 

Soy espère que davantage de femmes s'inspireront les unes des autres pour devenir écogarde. Et ainsi normaliser le métier auprès des femmes.

L'importance des femmes écogardes

Les femmes comme Soy sont indispensables sur le terrain. Elles jouent un rôle important de point de contact avec avec les communautés locales. Elles contribuent également à créer un lien de confiance.

En outre, le salaire aide les femmes à sortir de la pauvreté et leur offre un avenir plus émancipé et plus libre. De cette façon, elles peuvent aider leur famille et inspirer d'autres femmes à suivre leurs traces.

Leur travail acharné n'aide pas seulement leurs familles et leurs communautés. I contribue également à créer un monde où les humains et la nature vivent en harmonie.  

Actuellement, seuls 11 % des écogardes dans le monde sont des femmes. Mais des histoires comme celle de Soy pourraient bien changer la donne. 

Ce sont des personnes comme Soy qui permettent de protéger les tigres. Les soutenir, c'est sauvegarder les tigres.