Des forêts plus naturelles contre les futures inondations ?
Des forêts plus naturelles contre les futures inondations ?
Les inondations meurtrières que nous avons connues en Wallonie en juillet dernier ont été accentuées par le manque de forêts naturelles en amont des cours d’eau et des villages. Des fossés, creusés pour évacuer rapidement l’eau des plantations d’épicéas dans l’est de la Belgique, ont été détruits par le puissant ruissellement de l’eau, ont constaté les expert·es du WWF-Belgique. Notre pays doit changer de toute urgence sa façon de gérer les forêts et investir dans des solutions basées sur la nature, pour nous protéger des effets désastreux du changement climatique, qui va s’intensifier dans les années à venir.
Des quantités historiques d’eau de pluie ont été enregistrées dans le village de Jalhay entre le 13 et le 15 juillet: 271 millimètres, soit plus du double de la moyenne mensuelle, selon l’Institut Royal Météorologique (IRM). Jalhay se situe sur le plateau des Hautes Fagnes, où la réserve naturelle a également encaissé d’énormes quantités de pluie en 48 heures. Malheureusement, la région contient moins de nature qu’on ne le pense. Les tourbières sont entourées de monocultures de résineux (des épicéas) qui sont exploités pour leur bois de construction.
Des sillons ont été creusés pour évacuer l’eau plus rapidement
Ces épicéas sont des arbres qui ne supportent pas de rester « les pieds dans l’eau ». Les sols sont donc drainés par des sillons creusés pour faire en sorte que l’eau soit évacuée le plus rapidement possible. Comme il n’y a pratiquement pas d’autre végétation, le sol est érodé, ce qui augmente encore la vitesse du ruissellement. C’est exactement ce qui s’est produit pendant les deux jours de pluie intense en juillet dernier. Les experts du WWF ont constaté que certains des sillons ont carrément été emportés par la grande quantité d’eau provenant des forêts.
Toute cette eau issue des plantations d’épicéas a dévalé sur les zones les plus basses du plateau, venant gonfler les cours d’eau et les réservoirs en contre-bas, qui ont débordé. Ces masses d’eau se sont engouffrées via la Vesdre à Pepinster alors qu’il continuait à pleuvoir intensément, et leur pouvoir destructeur a été imparable.
Les inondations nous frapperont davantage à l’avenir
Selon le nouveau rapport du WWF « Powering Nature: Creating the conditions to enable Nature-based Solutions », le nombre de personnes touchées par des inondations devrait doubler d’ici à 2030. Les dégâts aux bâtiments et infrastructures devraient tripler. Le rapport montre, avec des exemples à travers le monde, comment les solutions basées sur la nature peuvent nous protéger de telles catastrophes. Cela signifie que les politiques doivent empêcher l’évacuation de l’eau dans les rivières en amont des villages, à travers une gestion différente de nos forêts, de nos terres d’agriculture et de notre bâti.
La solution: plus de nature
Les forêts mixtes naturelles, qui ne sont pas drainées, ont la capacité de retenir l’eau. Elles disposent d’une épaisse couche d’humus qui permet aux sols et aux plantes d’absorber l’eau de pluie, qui ne s’écoule de ce fait pas vers les zones en aval. La biodiversité dans ces forêts est bien plus importante, ce qui les rend plus résilientes aux maladies et aux effets du changement climatique, comme les sécheresses et les inondations. Elles offrent également de nombreux autres services, comme la production d’oxygène ou le stockage du carbone. Par ailleurs, elles sont bien plus attrayantes pour les promeneuses et promeneurs qui viennent les visiter.
Se protéger des inondations futures
Le WWF demande que la Belgique cesse de drainer les espaces naturels et fasse de la place à la nature, comme les forêts mixtes avec beaucoup de biodiversité. Avec les zones humides, ces forêts ont une grande capacité d’absorption de l’eau et du CO2 et nous aident à mieux nous protéger. Les réserves naturelles, qui agissent comme de véritables éponges, sont une importante partie de la solution contre les inondations futures
Ces solutions basées sur la nature figurent dans notre manifeste « No Nature, No Future », adressé au gouvernement wallon. Il récolte déjà plus de 10.000 signatures.