De nouveaux rapports analysent le trafic d'animaux sauvages sur Internet en Belgique et avancent des solutions technologiques potentielles
De nouveaux rapports analysent le trafic d'animaux sauvages sur Internet en Belgique et avancent des solutions technologiques potentielles
Le WWF et TRAFFIC publient deux rapports consacrés à la lutte contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans l'Union européenne. Dans la première étude, les chercheurs ont analysé les annonces de vente d’animaux sauvages sur les réseaux sociaux et les plateformes d’e-commerce actives en Belgique et aux Pays-Bas. Les recherches menées entre juillet et septembre 2019 étaient concentrées sur des espèces rares et protégées de reptiles et d'oiseaux. Plus de 100 annonces suspectes vendant au moins 93 spécimens d'oiseaux et 94 spécimens de reptiles dans ces deux pays ont été identifiées. Le deuxième rapport met en lumière des solutions technologiques potentielles, telles que le data mining et les logiciels d'apprentissages automatiques, pour lutter contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans l'UE.
Trafic d'animaux sauvages sur le web : le cas des reptiles et des oiseaux en Belgique et aux Pays-Bas
Le premier rapport, intitulé Mettre un terme au trafic d’espèces sauvages sur Internet dans l'UE - Le commerce en ligne de reptiles et d'oiseaux en Belgique et aux Pays-Bas, a analysé les annonces de vente en ligne sur 26 espèces de reptiles et d'oiseaux et 2 genres de reptiles protégés en vertu de la réglementation de l'UE sur le commerce des espèces sauvages. Le commerce de ces espèces est hautement suspecté d'illégalité, en raison du niveau de protection de ces animaux, de leur rareté ou de leurs antécédents en matière de trafic. L'UE est un marché important pour le commerce des animaux de compagnie exotiques. La Belgique et les Pays-Bas jouent un rôle important dans ce secteur commercial, en particulier pour les oiseaux et les reptiles.
Les chercheurs ont identifié 106 annonces suspectes issues de 65 vendeurs différents, dont certains avaient des antécédents dans le trafic d'animaux sauvages.
Les espèces d'oiseaux les plus fréquemment rencontrées étaient l'Ara hyacinthe (Anodorhynchus hyacinthinus) et l'Ara à gorge bleue (Ara glaucogularis), tous deux originaires d'Amérique latine. Parmi les signalements de reptiles, citons le gecko nain turquoise (Lygodactylus williamsi), que l'on ne trouve que dans une toute petite partie de la Tanzanie, et le lézard crocodile chinois (Shinisaurus crocodilurus), originaire de Chine et du Viêt Nam. Ces animaux sont tous considérés comme menacés d'extinction dans la nature.
Les annonces ont été principalement trouvées sur les médias sociaux (25 %) et les sites web spécialisés dans la faune sauvage (50 %). Un peu plus de 20 % des annonces ont été trouvées sur des sites de petites annonces.
La plupart des annonces ne fournissaient pas d'informations adéquates prouvant que les reptiles et les oiseaux à vendre étaient d'origine légale, comme des documents CITES ou un marquage approprié (des bagues sur les oiseaux, par exemple). La grande majorité des plateformes en ligne étudiées ne comportaient pas de conseils clairs à l'intention des utilisateurs concernant la législation sur le commerce des espèces sauvages ni n’avaient de politique apparente sur les mesures prises pour réduire le trafic d'espèces sauvages sur leurs plateformes.
Facebook fait figure d’exception, en tant que membre de la Coalition pour mettre fin au trafic d'espèces sauvages en ligne. La Coalition réunit plus de 30 des principales plateformes en ligne du monde, dans le cadre d'un engagement pris par l'industrie pour réduire le trafic d'espèces sauvages sur internet.
"Le trafic en ligne d'espèces sauvages menace des milliers d'espèces et risque de propager des maladies zoonotiques, qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur notre société", déclare Emilie Van der Henst, responsable du projet européen sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et une des auteures du rapport. "Tout le monde, des particuliers aux gouvernements en passant par le secteur privé, peut contribuer à freiner le trafic sur Internet en s'assurant que les publications en ligne sont légales et que toute activité illégale est signalée".
L'aide de la technologie pour lutter contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages
Le potentiel d'aide de la technologie fait l'objet d'une deuxième étude, également publiée aujourd'hui - Tackling wildlife cybercrime in the EU: How technology can help
L'étude présente une évaluation générale des solutions technologiques, telles que les logiciels, qui peuvent aider à surveiller et à détecter les activités suspectes liées au commerce des espèces sauvages en ligne sans avoir recours à la collecte manuelle de données, qui prend du temps et demande beaucoup de travail. Elle conclut que le principal défi lié à l'adoption de telles approches n'est pas le développement de nouveaux outils, mais le perfectionnement des outils existants et la collecte d'ensembles de données critiques pour mettre au point des moyens extensibles, fiables, systématiques et reproductibles de détecter automatiquement la cybercriminalité liée aux espèces sauvages.
"Les dernières technologies peuvent changer la donne dans la lutte contre le trafic d'espèces sauvages en ligne, mais elles nécessiteront un degré élevé de collaboration et de coordination entre les parties prenantes, notamment la police, les douanes, les universités, les ONG et les grandes sociétés technologiques", déclare Florian Debève, chargé de projet européen sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages et auteur du rapport sur les technologies.
Recommandations aux autorités, aux plateformes en ligne et aux consommateurs d'espèces sauvages
Une série de recommandations émanent des deux rapports, parmi lesquelles la nécessité pour les décideurs politiques d'étudier des améliorations législatives concernant les conditions dans lesquelles les espèces sauvages protégées peuvent être vendues, promotionnées et achetées en ligne ; la nécessité pour les autorités chargées de faire appliquer la loi dans les États membres de l'UE de disposer des capacités adéquates (ressources humaines, outils et formation) pour lutter efficacement contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages ; la nécessité pour les plateformes en ligne d'adopter des politiques visant à lutter activement contre l'utilisation de leurs plateformes pour vendre des espèces sauvages illégales ; et enfin la nécessité pour les consommateurs d'espèces sauvages de cesser d'acheter des espèces sauvages illégales.
Les deux rapports sont publiés sous la bannière du projet européen sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages, une initiative financée par l'UE visant à perturber et à dissuader les réseaux criminels qui se livrent au trafic d'espèces sauvages dans l'UE en utilisant l'internet et les services de livraison de colis. Le projet est coordonné par le WWF et mis en œuvre en partenariat avec IFAW, INTERPOL, les douanes belges et TRAFFIC (par le biais d'un soutien en nature).
Disclaimer
Ces rapports ont été financés par le Fonds de sécurité intérieure - Police de l'Union européenne. Le contenu de ce communiqué de presse ne représente que l'opinion des auteurs et relève de leur seule responsabilité. La Commission européenne n'assume aucune responsabilité quant à l'utilisation qui pourrait être faite des informations qu'il contient.
A lire
Rapport 2 : Tackling wildlife cybercrime in the EU: how technology can help
Page web du projet de l'UE sur la cybercriminalité liée aux espèces sauvages : https://wwf.be/fr/wildlife-cybercrime/
Page web de la Coalition pour mettre fin au trafic d'animaux sauvages en ligne : https://www.endwildlifetraffickingonline.org/