Comment le changement climatique affecte-t-il le littoral belge ?

Comment le changement climatique affecte-t-il le littoral belge ?

Nous publions aujourd’hui le deuxième volet de notre série d’articles consacrée à l’impact du changement climatique sur la nature en Belgique. Dans ce deuxième article, il est question du littoral belge et de la mer du Nord.

 

L’influence du changement climatique sur notre littoral est assez évidente. Si le niveau de la mer monte, cela affectera inévitablement notre « mur de l’Atlantique » formé par la rangée de blocs d'appartements. Ce paysage est tout sauf esthétique. Cependant, pour le climatologue belge Van Ypersele, l’enjeu est ailleurs : il ne s'agit pas de beauté, mais de protection contre le changement climatique. L’expert belge dresse ainsi un constat sans appel : nous avons besoin de « plus de nature ».

L'écosystème côtier

L'élévation du niveau de la mer, due au réchauffement climatique, exerce une pression supplémentaire sur l'écosystème côtier. En effet, les effets combinés de l’érosion côtière, de la construction d’infrastructure et de l’urbanisation ont pour conséquence la « compression côtière ». En d'autres termes, le paysage côtier tel que nous le connaissons aujourd'hui risque simplement d’être englouti, en raison de l'élévation du niveau de la mer. En effet, cette compression côtière ne permet plus d’absorber l’assaut d’une tempête comme aurait pu le faire un écosystème naturel. Il nous faut donc créer un espace permettant à la nature d'évoluer parallèlement à l'élévation du niveau de la mer.

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Acidification de l'eau de mer

Le réchauffement de l'eau de mer est principalement dû à la hausse de la température des eaux de surface et celle des zones côtières (eaux peu profondes). Ce sont surtout le plancton et les poissons pélagiques (de la haute mer) qui sont les plus impactés. Mais d'autres problèmes existent :

  • Acidification des océans : le CO₂ est présent naturellement dans l’air. Environ 30 % du CO₂ émis se dissout dans nos océans, entraînant des réactions chimiques qui réduisent le niveau de pH (unité de mesure d'acidité) de l’eau de mer. L’acidification des océans fait donc référence au processus de diminution du pH causé par l’augmentation de l’absorption du CO₂ par nos océans. Cette situation réduit également la disponibilité du carbonate de calcium. Or, un certain nombre d’organismes marins (mollusques, escargots, seiches, certaines algues, coraux, etc.) utilisent une partie de ce carbonate de calcium, présent naturellement dans les océans pour former leurs coquilles ou leurs squelettes.
  • Augmentation de la salinité des eaux souterraines de la zone côtière et des polders (étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau) par infiltration d'eau salée dans les nappes phréatiques.
  • Changement des courants marins : Le Gulf Stream peut s'arrêter en raison de la fonte des glaces de l'Arctique, constituées d’eau douce (moins dense que l’eau salée). Ce phénomène peut entraîner une diminution de la teneur en sel dans la mer du Nord et changer les courants marins. Ainsi, le Gulf Stream chaud ne pourra plus atteindre la mer du Nord à travers la Manche, ce qui peut induire une baisse de température en Europe occidentale.
  • Davantage de tempêtes : augmentation des conditions météorologiques extrêmes et changements dans les régimes de précipitations.

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Biodiversité, à terre, sur le littoral et dans la mer

Dans le courant du 21ème siècle, de nombreuses espèces ne pourront pas s'adapter ou migrer assez rapidement pour trouver des conditions climatiques favorables. Les aires de répartition de nombreuses espèces végétales et animales se déplaceront vers le nord et/ou les régions plus élevées en altitude. En outre, les poissons, mollusques et les crustacés migrent vers le nord à la recherche d'eaux plus froides pour plusieurs raisons notamment :

  • Leur organisme a besoin de températures spécifiques que leur habitat d’origine n’est plus en mesure de fournir.
  • Le plancton et d'autres organismes marins dont ils se nourrissent ont migré vers le nord. À titre d’exemple, il est observé en mer du Nord un nombre croissant d’espèces d'eau chaude (sardines, anchois, etc.). Et les espèces vivant dans des eaux plus froides (cabillaud, églefin, flétan, crevette grise, etc.) migrent plus au nord.

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Le changement climatique permet à certaines espèces exotiques de se sédentariser plus facilement et de devenir ensuite envahissantes, c'est-à-dire qu’elles se développent de manière incontrôlable au détriment des espèces locales. Ces invasions affectent les écosystèmes locaux et les activités de pêche.

En général, une concentration de CO₂ élevée dans l’eau de mer entraîne une augmentation de la croissance des algues. Le réchauffement de l'eau prolonge à son tour la saison de croissance contribuant à la prolifération d'algues et au prolongement de leur durée de vie, ce qui déséquilibre l’écosystème marin.

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Et sur le plan international « Le changement climatique menace la moitié des espèces végétales et animales dans les zones naturelles les plus importantes du monde. »