Un traitement inadéquat des déchets plastiques fait de la mer Méditerranée un égout à ciel ouvert selon une nouvelle étude du WWF

Un traitement inadéquat des déchets plastiques fait de la mer Méditerranée un égout à ciel ouvert selon une nouvelle étude du WWF

BRUXELLES, 6 juin 2019 – La mer Méditerranée croule sous les déchets plastiques. Une nouvelle étude du WWF pointe une mauvaise gestion des déchets plastiques dans les pays méditerranéens. Cette pollution croissante représente une perte de 641 millions d’euros par an pour les secteurs du tourisme et de la pêche. Parmi les neuf sites les plus pollués figurent des destinations prisées des touristes belges. L’importation de déchets en provenance d’autres pays aggrave la situation. La Belgique est, par exemple, l’un des plus grands exportateurs de déchets plastiques en Turquie, un pays à faible taux de recyclage. Le nombre de plastiques qui arrivent en mer augmente d’au moins 40% lors de chaque saison touristique. Le WWF appelle les vacanciers belges à ne pas laisser leurs bonnes habitudes à la maison cet été.

Chaque année, 570.000 tonnes de plastiques atterrissent dans la mer Méditerranée, soit l’équivalent de 33.800 bouteilles en plastique par minute. La pollution continue de croître. Le nombre de déchets plastiques devrait quadrupler dans la région d’ici 2050. Le nouveau rapport du WWF intitulé « Stop à l’inondation de plastiques : comment les pays méditerranéens peuvent sauver leur mer », est publié juste avant la Journée Mondiale des Océans le 8 juin. Il examine de manière critique tous les pays méditerranéens et évalue leur performance dans la lutte contre la pollution plastique, de la production à la consommation. Des lacunes importantes et des responsabilités existent à tous les niveaux (producteurs, gouvernements et consommateurs). Elles contribuent à un système plastique hautement inefficace, coûteux et polluant. Le WWF a élaboré une feuille de route détaillée comprenant des politiques et des initiatives que la région et les pays doivent mettre en œuvre individuellement pour parvenir à une économie circulaire durable afin de ne plus produire de déchets plastiques.

Les activités côtières sont responsables de 50% des plastiques entrant dans la mer. Chaque jour, plus de 5kg de déchets plastiques sont déversés par kilomètre. La Cilicie turque est la côte la plus polluée de la mer Méditerranée. Les lieux les plus pollués sont souvent de hauts lieux touristiques comme Barcelone, Tel-Aviv, Valence, la baie de Marseille et la côte de Venise, à proximité du delta du Pô. Les déchets coûtent environ 641 millions d’euros par an aux secteurs du tourisme et de la pêche.

De nombreux pays déjà confrontés à des problèmes de gestion de leurs déchets importent également de grandes quantités de déchets. Cela signifie que les plastiques collectés et exportés vers ces pays pour être recyclés se retrouvent dans des décharges, incinérateurs ou décharges à ciel ouvert. Lorsqu’en 2018, la Chine a limité l’importation de déchets plastiques, la Turquie est devenue l’un des dix importateurs mondiaux de déchets, principalement de Belgique, du Royaume-Uni et d’Allemagne.

Le WWF appelle tous les gouvernements méditerranéens de l’UE, dans le cadre de la Convention de Barcelone, à prendre un engagement commun contraignant et à prendre des mesures au niveau national pour protéger la mer Méditerranée de la pollution par les plastiques. La prochaine réunion aura lieu en décembre 2019 à Naples.

Notre responsabilité en tant que touriste

Les résidents et les touristes des pays méditerranéens produisent plus de 24 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année. L’été, l’afflux de vacanciers fait augmenter la production de déchets de 40%. Plus de la moitié des produits en plastique arrivent à la poubelle moins d’un an après leur production. De plus, les pays échouent souvent à trier leurs déchets correctement, de sorte que le système de recyclage ne fonctionne pas.

Jessica Nibelle, porte-parole du WWF Belgique : « Nous appelons tout le monde à signer la pétition internationale pour un accord mondial contre la pollution plastique des océans. 500.000 personnes l’ont déjà signée. Le WWF appelle les touristes qui se rendent en Méditerranée cet été à éviter autant que possible le plastique à usage unique. En suivant quelques conseils simples, tout le monde peut contribuer à laisser propre la Méditerranée ainsi que les océans du monde. »

  • Ne laissez pas de déchets derrière vous. Ni dans la nature, ni en ville. Une grande partie d’entre eux finissent dans la mer.
  • N’utilisez pas de pailles ou de gobelets jetables. Les articles en plastique à usage unique ont une durée de vie de quelques minutes mais ont besoin de centaines d’années pour se décomposer. Ils causent beaucoup de dégâts au milieu marin.
  • Prenez votre propre bouteille d'eau. Renseignez-vous pour savoir si l’eau du robinet est potable.
  • Apportez des sacs réutilisables au magasin. Même si vous jetez vos sacs en plastique dans les poubelles, cela ne garantit pas qu’ils seront recyclés.
  • Ne jetez pas les mégots de cigarettes par terre. Ils se décomposent lentement et contiennent des résidus de produits chimiques toxiques qui restent longtemps dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire marine.

 

 

 

Note à la rédaction :

  • Le rapport du WWF est à lire ici 
  • Photos, infographies et vidéos disponibles sur demande
  • Faits importants du rapport :
    • Les 22 pays et territoires qui composent la Méditerranée produisent 10% de tous les produits plastiques, ce qui en fait le 3e producteur de mondial de plastiques. Cette production est responsable de 194 millions de tonnes de C02 par an soit 6 fois plus que les émissions annuelles de la ville de Londres.
    • Seuls 72% des déchets plastiques sont gérés par un traitement contrôlé des déchets. Certains pays obtiennent de meilleurs résultats que d’autres.
    • Trois pays méditerranéens sont responsables des 2/3 des plastiques jetés dans la nature : Egypte, Turquie et Italie.
    • 50% du plastique qui atterrit en mer Méditerranée et 30% qui arrive dans les fleuves proviennent des activités côtières.
    • Le tourisme perd 268 millions €/an à cause de la pollution plastique.
    • La collecte des déchets reste un problème dans plusieurs pays méditerranéens. 3,6 millions de tonnes de déchets plastiques ne sont pas collectés chaque année.
    • Les décharges à ciel ouvert et décharges illégales continuent d’exister, en particulier en Afrique du Nord. La mise en décharge reste la méthode la plus utilisée pour le traitement des déchets dans la plupart des pays. Toutes les décharges ne répondent pas aux normes sanitaires requises.
    • Les pays méditerranéens ont recyclé 3,9 millions de tonnes de déchets en 2019 mais les pourcentages de recyclage varient selon les régions. 40% du plastique collecté est perdu au cours du processus.
    • Depuis 2018, la Turquie est devenue l’un des dix plus grands importateurs internationaux de déchets, principalement du Royaume-Uni, de Belgique et d’Allemagne.
    • En Europe, les coûts d’exploitation liés au recyclage du plastique sont d’environ 924€/tonne alors que le prix de vente moyen des matières plastiques secondaires est de 540€ par tonne. Le recyclage reste donc peu rentable.

 

Infos et demande d’interviews :

 

Jessica Nibelle | Porte-parole du WWF| [email protected]|02 340 09 30 – 0474 327 247 

 

A propos du WWF :

  • Le WWF est l’une des organisations indépendantes les plus importantes et les plus expérimentées du monde en matière de protection de la nature. Elle est active dans plus de 100 pays et compte plus de 5 millions de sympathisants. L’objectif du WWF est de laisser une planète viable aux générations futures. Le WWF s’engage pour la conservation des espèces et de leur habitat :  forêts, zones humides et océans. Le WWF contribue également à apporter des solutions à la pollution et au gaspillage des ressources naturelles et au changement climatiques.
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