Menaces sur la nature en Europe

Menaces sur la nature en Europe

Ce samedi 21 mai a lieu la « Journée Natura 2000 ». Ce réseau protège 27000 sites et des milliers d’espèces sur notre continent. A cette occasion, Natagora, Natuurpunt, le WWF et des centaines d’ONG dans toute l’Europe mobilisent le grand public pour se faire entendre auprès de la Commission européenne de Jean-Claude Juncker. Depuis 2015, celle-ci menace les réglementations qui protègent la nature sauvage en Europe. Sa décision finale devrait tomber dans les mois qui viennent. Une grande conférence sur le « futur de la nature en Europe » aura lieu à Amsterdam fin juin et constituera une étape-clé.

 

En 2015, la Commission Européenne de Jean-Claude Juncker a lancé une évaluation des Directives "Oiseaux" et "Habitats", piliers de la législation nature en Europe. Pour les ONGs, cette décision est incompréhensible, au vu des succès de Natura 2000 et de l’évolution inquiétante de la biodiversité sur notre continent. Le processus est dangereux car la Commission fait craindre un affaiblissement de cette législation vitale pour la biodiversité et les paysages. En réponse, la campagne #NatureAlert menée par plus de 100 ONG dans toute l’Europe a fait l’objet d’une mobilisation inédite : plus de 520.000 personnes, dont 40.000 en Belgique, se sont prononcées contre une révision des Directives. 

Emmanuël Sérusiaux, président de Natagora, résume la situation : « La biodiversité en Europe est en chute libre. Les pratiques agricoles intensives, l’urbanisation à outrance, la pollution des eaux et l’irruption d’espèces invasives font disparaître de nombreuses espèces et régresser des habitats de très haute valeur patrimoniale. Heureusement, des outils comme le réseau Natura 2000 ou les projets LIFE financés par l’Union Européenne permettent de sauver les meubles. Des dizaines d’espèces et d’habitats se portent mieux ou sont en train de se reconstituer et cela n’aurait pas pu avoir lieu sans Natura 2000.   Il est temps de mettre les Directives « Oiseaux » et « Habitats » au plus vite en œuvre correctement sur l’ensemble de l’Europe, et surtout pas de les revoir à la baisse. Si ce n’est pas le cas, nous allons à la catastrophe ». 

Suite à cette mobilisation, de nombreux Ministres de l’Environnement, suivis par le Parlement Européen, ont appelé la Commission à maintenir les Directives et l'ont invitée à mieux les mettre en œuvre. La Belgique, représentée par le Ministre wallon de l’Agriculture et de la Nature, René Collin, s’est engagée positivement dans ce dossier. Elle a envoyé une lettre dans ce sens au Commissaire européen chargé de la Nature – Karmenu Vella. Par ailleurs, en Wallonie, l’adoption des arrêtés de désignation des sites Natura 2000 progresse, la moitié d’entre eux sont désormais finalisés. 

Pour René Collin, « Les directives "Oiseaux" et "Habitats" représentent la pierre angulaire européenne des politiques menées en matière de préservation de la biodiversité. J’ai interpellé le Commissaire Vella sur l’importance de les maintenir en état. En Wallonie, les arrêtés de désignation des sites Natura 2000 sont en train d’être proposés et approuvés au Gouvernement wallon. Pour l’heure, 145 sites sont désignés sur toute la Wallonie. J’ambitionne de rendre entièrement opérationnel le réseau Natura 2000, ce qui facilitera sa gestion et son financement complet ». 

Les prochains mois seront cruciaux pour peser dans la décision finale sur l’avenir des Directives. C’est pour cela que les ONG mobilisent à nouveau les citoyens. Tandis qu’un vaste appel à la Commission a inondé les réseaux sociaux européens en début de semaine, les ONGs invitent aujourd’hui à "augmenter le son de la nature". Un outil ludique en ligne est lancé dans toute l’Europe et permet de montrer son attachement à la vie sauvage en créant sa propre chanson ‘nature’. Les chansons sont ensuite envoyées aux Ministres de l’Environnement et à la Commission européenne. 

Antoine Lebrun, directeur général du WWF : « Dans toute l’Europe, nous appelons les citoyens à "augmenter le son de la nature". Nous avons besoin de nature dans nos vies, souvent soumises au stress et à la pollution. Les sons de la nature nous ressourcent et sont utilisés dans cette campagne comme le symbole de l’importance générale de la nature pour notre bien-être. Augmenter le son de la nature signifie aussi passer un message clair à nos décideurs politiques : nous voulons que les réglementations européennes soient maintenues et au-delà, mises en place pleinement et effectivement pour pouvoir bénéficier des beautés de la nature sauvage près de chez nous et dans toute l’Europe ! »