L’interdiction temporaire des filets maillants ne sauvera pas le vaquita

L’interdiction temporaire des filets maillants ne sauvera pas le vaquita

Bruxelles, 1er juin 2017 : Le vaquita, le mammifère marin le plus menacé au monde, reste en danger et ce, malgré la prolongation de l’interdiction temporaire des filets maillants dans le haut golfe de Californie décrétée hier par le gouvernement mexicain. Selon le WWF, l’interdiction actuelle ne suffira pas à protéger cette espèce et son unique habitat. Il est par ailleurs important de mettre en évidence le lien qui existe entre cette problématique et le marché illégal chinois.

Le vaquita, surnommé le « panda des mers » en raison de ses marques singulières, est au bord de l’extinction ; on ne dénombre en effet plus que 30 individus. La population de vaquitas a considérablement décliné ces dernières années en raison de la pêche illégale au filet maillant, qui est à ce jour la seule menace connue pour l’espèce.

Selon le WWF, seule une interdiction permanente et efficacement mise en œuvre permettra de sauver le vaquita de l’extinction. Cette interdiction devrait s’accompagner d’une stratégie globale de rétablissement du vaquita ainsi que d’un soutien aux pêcheurs locaux dans l’adoption de méthodes alternatives de pêche. Des mesures doivent être prises d’urgence pour protéger l’habitat du vaquita, mettre fin à l’utilisation des filets maillants et soutenir les communautés. Malgré certains efforts du gouvernement mexicain, le WWF estime qu’à ce jour, il a été dans l’incapacité de démontrer l’efficacité de l’interdiction temporaire de la pêche au filet maillant. Celle-ci s’est au contraire poursuivie et ce, principalement en raison du manque d’alternatives légales et durables proposées aux pêcheurs locaux. Près de la moitié de la population actuelle de vaquitas a disparu entre 2015 et 2016 (1).

« Le déclin de la population de vaquitas auquel nous avons assisté au cours de ces deux dernières années s’explique par la faible application de l’interdiction des filets maillants qui ont continué à menacer le haut golfe de Californie. La prolongation de cette interdiction ne suffira pas à sauver le vaquita et son précieux habitat. Le président du Mexique Enrique Peña Nieto avait pourtant déclaré publiquement sa volonté de sauver le vaquita et d’interdire de manière définitive les filets maillants. Nous lui demandons aujourd’hui de tenir sa promesse et de prendre les mesures nécessaires pour protéger le vaquita. », souligne Jorge Rickards, CEO par intérim du WWF-Mexique. « Le temps est compté pour le vaquita. C’est maintenant qu’il faut agir. »

Dans une analyse publiée le mois dernier, le WWF présente ses recommandations pour sauver le vaquita et protéger le golfe de Californie de dommages irréversibles. L’analyse souligne qu’une interdiction permanente des filets maillants s’avère vitale pour préserver l’espèce et garantir que les secteurs de la conservation et de la pêche progressent dans le développement de techniques de pêche qui soient sans danger pour le vaquita.

« Si le gouvernement n’est pas capable de garantir l’implication des communautés et de leur apporter l’aide nécessaire, les derniers vaquitas pourraient se noyer dans des filets maillants avant la fin de l’année », ajoute Rickards.

L’appétit de la Chine pour la vessie natatoire du totoaba nuit au vaquita

Les filets maillants sont avant tout utilisés pour pêcher le totoaba, une autre espèce menacée endémique à la région et dont la vessie natatoire est très prisée en Asie, où on lui attribue des propriétés médicinales. Étant donné que la majorité des vessies natatoires passent par les États-Unis avant de rejoindre la Chine, le WWF appelle également les gouvernements américain et chinois à collaborer avec le Mexique pour mettre un terme au commerce illégal du totoaba.

« L’interdiction définitive des filets maillants et son application efficace devraient s’accompagner d’une action collective des gouvernements mexicain, américain et chinois pour lutter contre le commerce illégal du totoaba. Sans cela, tant les derniers vaquitas que l’incroyable biodiversité de la région resteront en danger. » explique Margaret Kinnaird du WWF-International.

L’UNESCO confirme les menaces qui pèsent sur le golfe de Californie

Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2005, le golfe de Californie est l’une des régions marines les plus riches en biodiversité de la planète. Sa préservation à long terme s’avère vitale non seulement pour les espèces marines qu’elle abrite mais aussi pour l’économie locale, qui dépend considérablement de la pêche.

Le WWF précise que l’UNESCO avait déjà mis en évidence le fait que la situation critique du vaquita constituait un danger pour le golfe de Californie et pouvait mener, en 2017, à une inscription du site sur la liste du patrimoine mondial en péril. Une proposition de sites susceptibles de rejoindre cette liste noire sera rendue publique demain, le 2 juin, et à cette occasion, le WWF appelle le gouvernement du Mexique à implémenter au plus vite les mesures exposées ci-dessus.

« Le gouvernement mexicain se doit de démontrer que le golfe de Californie ne mérite pas de figurer sur cette liste en prenant dès à présent des mesures pour assurer la protection du vaquita, de son habitat et des communautés locales », ajoute Rickards.

FIN

 

Notes aux journalistes

(1) Chiffres issus de l’analyse des données du Programme de surveillance acoustique 2016.

Le rapport complet du WWF Vanishing vaquita : Saving the world’s most endangered marine mammal ainsi que les photos et les vidéos et leurs copyrights sont disponibles ici.

En avril, le WWF publiait un rapport sur le commerce illégal des espèces sauvages au sein des sites du Patrimoine mondial. Malgré leur valeur et le statut de protection dont ils bénéficient, le rapport montre que le braconnage, l’exploitation forestière et la pêche illégales sévissent dans près de 30 % des sites du Patrimoine mondial, menaçant tant les espèces en danger que la subsistance et le bien-être des populations locales.

Le 9 mai, le WWF a lancé une vaste action en ligne pour appeler les citoyens du monde entier à écrire au président du Mexique Enrique Peña Nieto afin de l’exhorter à prendre des mesures immédiates pour protéger le vaquita et les communautés locales dans le golfe de Californie. À ce jour, plus de 170 000 personnes ont répondu à notre appel.