Le WWF dénonce le manque de transparence des entreprises belges quant à leur utilisation du soja

Le WWF dénonce le manque de transparence des entreprises belges quant à leur utilisation du soja

Bruxelles, le 30 mai 2016 : La plupart des entreprises européennes qui utilisent du soja pour leur production de viande, d’œufs et de produits laitiers ne font aucun effort pour lutter contre l’impact néfaste de la culture du soja sur les forêts et les savanes d’Amérique du Sud. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude du WWF – la « Scorecard Soja » – parue aujourd’hui. Plus de la moitié des entreprises belges que le WWF a contactées n’ont pas souhaité répondre à la question de la provenance du soja présent dans leurs produits.

 

La nouvelle « Scorecard Soja » du WWF, lancée à l’occasion de la 11e conférence annuelle de la Table ronde sur le soja responsable (RTRS) qui a lieu cette semaine au Brésil, identifie 16 entreprises européennes pionnières en matière d’utilisation de soja durable. Les entreprises sont classées selon les critères suivants : la transparence quant à l’utilisation du soja, une politique d’achat de soja durable et les efforts entrepris pour exclure la déforestation de leur chaîne d’approvisionnement en soja. Aucune entreprise belge ne figure parmi ces 16 leaders, bien que Colruyt soit sur la bonne voie. Delhaize et Vandemoortele ont quant à eux commencé à analyser leur politique d’achat de produits d’origine animale contenant du soja.

 « Le WWF se réjouit de voir qu'il y a de vrais pionniers, en particulier dans le secteur de la distribution et la filière du lait », déclare Elly Peters, experte Soja au WWF. « Mais il est clair que de nombreuses entreprises profitent de l'ignorance des consommateurs quant à la problématique du soja pour ne rien faire. 69 entreprises ont décidé de ne pas réagir à notre appel à la transparence – soit plus de la moitié des 133 entreprises que le WWF a approchées. En Belgique, 10 des 14 entreprises contactées ont décidé de ne pas répondre. Qu’ont-elles à cacher ? »

 

Le Belge consomme sans le savoir 61 kilos de soja par an 

De nombreux Belges ne savent pas qu'ils consomment en moyenne 61 kg de soja par an, tout simplement parce que ce soja passe d’abord par l’estomac d'un animal. Ils ne savent pas non plus quel est l'impact de la culture du soja sur les forêts et les écosystèmes d'Amérique du Sud. Très souvent, les consommateurs n’ont en outre aucune assurance que les produits qu'ils achètent n’ont pas contribué à la déforestation.

Le WWF estime qu'il est inacceptable que tant d'entreprises ne reconnaissent ni leur responsabilité ni le fait que l'utilisation du soja dans leur chaîne de production et d’approvisionnement puisse avoir un impact néfaste sur la nature, les espèces et les populations dans des zones à la fois vulnérables et précieuses comme l'Amazonie, le Cerrado et la forêt atlantique au Brésil ou la région du Gran Chaco en Argentine, en Bolivie et au Paraguay.

 

La solution ? Produire de manière durable et manger moins de viande

La « Scorecard Soja » répertorie 133 grandes entreprises européennes de production et de distribution de produits d’origine animale, classées en fonction de leur politique d'achat de soja et de leurs efforts pour exclure la déforestation de leur chaîne d’approvisionnement. Ces entreprises se situent en Belgique, au Danemark, en Finlande, en France, aux Pays-Bas, en Pologne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni.

L'augmentation de la consommation de viande est la première cause de l'expansion de la culture du soja. Environ 75 % du soja produit dans le monde est destiné à l'alimentation animale. En Europe, ce chiffre est encore plus élevé – on estime que 93 % du soja qui entre en Europe est utilisé pour l'alimentation animale. Par le biais de cette Scorecard, le WWF demande aux consommateurs européens de pousser les entreprises à éliminer de leurs produits le soja non durable. De manière générale, le WWF invite à réduire la consommation de protéines animales, tout en respectant les recommandations nationales en matière de santé.

Le WWF appelle à plus de transparence de la part des entreprises qui utilisent du soja et les encourage à opter pour le soja durable de la RTRS et de Proterra – à ce jour les deux seuls systèmes crédibles en matière de soja durable. Les entreprises qui s’engagent à fournir ces efforts contribuent à la lutte contre la déforestation et la dégradation de zones naturelles précieuses. L’étude du WWF montre par ailleurs que de nombreuses zones déjà dégradées peuvent servir à la culture du soja, sans devoir toucher à des parcelles naturelles encore intactes. 

 

La superficie des cultures de soja a doublé dans le Cerrado brésilien

Le soja – plus que toutes les autres cultures - connaît une expansion massive depuis une dizaine d’années, et sa production menace aujourd’hui l'habitat de nombreuses espèces vulnérables d’Amérique du Sud comme le jaguar, le loup à crinière et le fourmilier géant. Selon une étude récente d’Agrosatélite (bureau de recherche brésilien), entre 2000 et 2014, pas moins de 2,93 millions d'hectares de terres couvertes de végétation naturelle ont été convertis en cultures - principalement de soja - dans la région du Cerrado. Ces chiffres concernent plus de la moitié du soja brésilien. La superficie totale des cultures de soja a augmenté de 108 % entre 2000 et 2014. Le Cerrado abrite 5 % de la biodiversité mondiale et est l’une des régions les plus importantes pour les ressources en eau d’Amérique du Sud.

« Le Cerrado compte aujourd’hui 15 millions de terres couvertes de végétation, des terres en principe adaptées à la culture du soja et qui sont donc menacées par son expansion », déclare Edegar de Oliveira Rosa, directeur du programme Agriculture et Environnement du WWF-Brésil. « Le WWF espère que la « Scorecard Soja » aidera les entreprises européennes à comprendre le rôle qu'elles peuvent jouer dans la lutte contre la déforestation et la conversion d’écosystèmes précieux comme le Cerrado grâce une chaîne durable d'approvisionnement en soja. »