Le WWF demande la création d’un centre d’expertise pour combattre le commerce illégal du bois en Belgique

Le WWF demande la création d’un centre d’expertise pour combattre le commerce illégal du bois en Belgique

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le WWF demande la création d’un centre d’expertise pour combattre le commerce illégal du bois en Belgique

 

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© Thünen-Institut/ Ilja Hendel

Bruxelles, le 06 octobre 2021 – Notre pays est une plaque tournante du commerce de bois en Europe et les autorités doivent maintenir le bois illégal hors de nos rayons. Le gouvernement fédéral s’est engagé à lutter contre ce commerce en renforçant les moyens actuels de contrôle. Le WWF appelle les ministres à poursuivre cet engagement et demande la création d’un centre d’expertise national qui permettrait de détecter plus efficacement les infractions.

La Belgique est l’un des cinq plus gros importateurs de bois en Europe. En ce qui concerne le bois tropical, notre pays se plaçait en 2018 en première position européenne[1]. En moyenne, chaque jour, près d’une tonne de bois tropical de première transformation entre sur notre marché, sans compter le bois à risque sous forme de panneaux, de meubles confectionnés ou de charbon qui transite par notre pays, principalement par le port d’Anvers. Malheureusement, tout ce bois n’a pas été prélevé de façon légale à l’étranger.

Il est nécessaire de mieux contrôler les essences utilisées pour les meubles et autres produits transformés issus du bois afin de mettre un frein à l’exploitation forestière illégale. Actuellement, au sein de l’Union européenne, l’importation de bois et de produits en bois est notamment soumise au « Règlement Bois » (RBUE). Cela signifie que les entreprises qui souhaitent en commercialiser doivent appliquer le principe de diligence raisonnée, c’est-à-dire réunir un maximum d’informations sur les lots qu’elles achètent et évaluer la fiabilité de ces informations et les risques, pour s’assurer que du bois illégal n’entre pas dans la chaîne d’approvisionnement.

La Belgique importe 10% de ses meubles directement de Chine. Ce pays est responsable de la moitié des importations illégales de bois dans le monde. Le WWF a révélé lors d’une récente enquête que certaines enseignes vendent des produits dont elles ne connaissent ni la composition, ni l’origine, et ne peuvent donc pas savoir si elles ont écarté le bois illégal du marché européen. Parmi ces essences non déclarées, le WWF a décelé de nombreux bois tropicaux originaires du Bassin du Congo ou d’Asie du Sud-Est, et même une espèce de palissandre protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Des méthodes de pointe d’analyse du bois permettent de lever le voile sur la composition des produits transformés. La Belgique est dotée de deux laboratoires pour identifier les essences utilisées, au sein des douanes ainsi qu’au Musée royal d’Afrique centrale (MRAC). Celui-ci a été sollicité seulement 16 fois l’année passée, malgré les grandes quantités de bois importées en Belgique. À l’heure actuelle, il n’est pas possible d’analyser l’origine du bois ni la composition de produits transformés comme les panneaux OSB : les échantillons doivent être envoyés à l’étranger.

Centraliser les tests pour la détection de bois illégal permettrait à la Belgique d’être plus autonome et les contrôles seraient plus efficaces et mieux coordonnés. Selon Hans Beeckman, chef du service Biologie du Bois du MRAC : « Avec un centre d’expertise propre, la Belgique pourrait mettre en œuvre des techniques plus rapides et plus performantes pour contrôler les flux importants de bois qui entrent sur son marché. Les autorités et les entreprises belges auraient à portée de main un point de référence pour les conseiller ».

Le gouvernement fédéral s’est engagé à renforcer les moyens actuels pour détecter le commerce illégal et le combattre, notamment à travers l’utilisation de nouvelles techniques scientifiques. Le WWF soutient la volonté de créer ce centre de pointe pour réaliser plus de contrôles et d’analyses scientifiques et identifier plus efficacement des violations aux réglementations.

« Veiller à un commerce responsable de bois, c’est notre levier pour garantir que les forêts qui fournissent le bois que nous importons ne sont pas en proie à l’exploitation illégale. Nous attendons du gouvernement qu’il tienne son engagement pour développer des techniques d’analyse performantes afin de mieux combattre et de punir le commerce illégal de bois dans notre pays. Nous estimons que plus de 4,5 millions d’hectares de forêts dans le monde fournissent du bois pour les produits que nous importons en Belgique », dit Béatrice Wedeux, responsable de plaidoyer politique forêts au WWF-Belgique.

 

Plus d’informations :

Déborah Van Thournout, porte-parole du WWF Belgique, [email protected], +32 474 58 71 52

Hans Beeckman, chef du service Biologie du Bois du MRAC, [email protected], +32 2 769 56 11

 

A propos du WWF :

Depuis 60 ans, le WWF est l’une des principales organisations indépendantes de préservation de la nature et l’une des plus expérimentées. Il compte plus de cinq millions de membres, donateurs et donatrices, au sein d’un réseau mondial actif dans plus de 100 pays. Le WWF coopère avec d’autres acteurs et actrices pour mettre fin à la dégradation des milieux naturels sur la planète et œuvrer à un avenir où les humains vivront en harmonie avec la nature, par la conservation de la diversité biologique, la promotion d’une utilisation durable des ressources naturelles et la lutte contre la pollution et le gaspillage. Les 10 prochaines années seront cruciales pour aborder les principales menaces qui pèsent sur la nature et sur l’humanité.

 



[1] https://www.idhsustainabletrade.com/uploaded/2020/10/IDH-Unlocking-sust-tropical-timber-market-growth-through-data_MM.pdf