Le plan de gestion flamand pour le loup doit être amélioré

Le plan de gestion flamand pour le loup doit être amélioré

Neuf mois à peine après l’arrivée de Naya, nous n’avons pas seulement un couple de loups, mais aussi un plan de gestion pour le loup, que la ministre flamande de l’environnement Joke Schauvliege vient de dévoiler. Ce plan insiste sur le renforcement de la tolérance envers les loups par la sensibilisation, les indemnisations et la participation des différents acteurs. Toutefois, le WWF et Natuurpunt restent sur leur faim. « Le plan est largement basé sur la bonne volonté des acteurs en ce qui concerne la prévention, l’action d’urgence et le problème des chiens errants », avertissent Natuurpunt et le WWF, « les bons accords font les bons amis et sans amis, le couple de loups ne peut pas survivre ». WWF et Natuurpunt demandent une amélioration rapide de ce plan.

 

La Flandre a un plan de gestion pour le loup

Neuf mois après l’arrivée de Naya, la Flandre a élaboré son plan de gestion pour le loup, destiné à favoriser la cohabitation avec le prédateur. Bien que certains sujets brûlants restent à traiter, le plan est une avancée et il insiste d’emblée sur l’importance de la participation des différents acteurs. En ce qui concerne le décloisonnement et la connectivité (pour rappel : le second loup belge a été tué sur la route peu après son arrivée), le plan comporte des signaux positifs, quoique vagues. Natuurpunt et le WWF seront vigilants en ce qui concerne l’usage que les autorités feront de ce plan : depuis les instruments pratiques et les études jusqu’aux connexions fonctionnelles entre les habitats naturels et à la création de grandes zones naturelles continues.

Mieux vaut prévenir que guérir

La prévention des dommages est la clé d’une cohabitation réussie avec le loup. Chaque mouton tué suscite une émotion et entraîne un recul de la tolérance pour le loup dans la société. Bien que l’importance de la prévention soit explicitement mentionnée dans le plan de gestion pour le loup, le traitement de cet aspect reste superficiel. Ainsi, les mesures de prévention ne sont pas obligatoires pour l’obtention d’un dédommagement. Cela peut créer des précédents dangereux, car d’une part, de nouvelles attaques ne seront pas évitées, et d’autre part, cela ouvre la porte à une gestion centrée sur les dégâts et les dédommagements, et non sur la prévention.

Une action proactive autour de la prévention sur le terrain est nécessaire. L’ANB (Agence pour la Nature et forêts) devrait pouvoir prendre des initiatives pour proposer des clôtures mobiles qui peuvent être posées en cas d’urgence, par exemple lorsque des troupeaux se trouvent soudainement dans une zone à risque, ou juste après une attaque de loups.

Les mesures de prévention comme les clôtures fonctionnent très bien et au contraire des dédommagements, elles évitent de devoir en permanence réparer les dégâts. La prévention devrait être un objectif prioritaire du gouvernement flamand : faire en sorte qu’un maximum de moutons soient protégés par une clôture sur le territoire des loups. Un loup choisit la solution de facilité : sans clôture, le bétail est naturellement plus facile à chasser qu’un sanglier. La subsidiation des clôtures doit être envisagée.

Que se passera-t-il en cas d’hybridation ?

Il faut aussi aborder les mesures nécessaires si les choses tournent mal. Que ferons-nous si des animaux qui n’ont plus peur des humains apparaissent, mettant en danger la sécurité publique ? Cela se produit lorsqu’un loup et un chien s’hybrident, le plus souvent quand une louve s’accouple avec un chien errant. Que faire des rejetons de tels accouplements ? Comment établir les règles à suivre ?

Si nous pouvons mener ces débats entre adultes responsables, cela nous aidera aussi à aborder le retour d’autres animaux sauvages. Pour cela, il est nécessaire de se mettre autour de la table, sans attendre qu’il soit trop tard, car alors la sensibilité de l’opinion et la pression électoraliste envenimeront les débats.

Nous avons beaucoup à apprendre des pays voisins : les Pays-Bas et l’Allemagne ont déjà établi un plan d’action d’urgence complet. Dans ce cadre, c’est une bonne chose que l’ANB ait lancé une plateforme « loup », où les acteurs concernés peuvent discuter des mesures nécessaires.

Les chiens errants, un problème sous-estimé

Selon le Réseau Loup en Wallonie, il est apparu que 59 des 158 signalements concernaient des chiens(-loups) errants, sans propriétaires. Cela augmente le risque d’hybridation, complique la validation des observations, mais aussi l’identification des traces sur les moutons morts. Seul l’ADN peut ici apporter une réponse sûre.

Aux Pays-Bas également, une comparaison avec les observations avant l’arrivée du loup a permis d’établir que 40 % des propriétaires de moutons ont subi lors des dix dernières années une ou plusieurs attaques de chiens ou de renards. Dans la région étudiée (le Limbourg néerlandais), 0,51% des moutons sont victimes d’attaques de chiens ou de renards. D’une part, ces chiens errants (ayant ou non un maître) constituent donc eux aussi un risque (sous-estimé) pour les bergers. D’autre part, les chiens errants courent eux-mêmes un risque, car les loups les considèrent comme des intrus sur leur territoire.

L’émotion suscitée par une attaque contre un chien peut être importante. Il est donc nécessaire d’impliquer dès maintenant les écoles de dressages, vétérinaires, associations de maîtres de chiens dans le plan pour les loups, et de démarrer sans tarder des actions de sensibilisation. Les chiens doivent être tenus en laisse (dans les régions naturelles). Bien que les dommages causés par les loups à des chiens entrent aussi en ligne de compte pour l’indemnisation, il est impossible de chiffrer les dégâts émotionnels de la perte d’un animal de compagnie aussi affectueux et intelligent. Une fois encore, il faut insister sur le fait que prévenir vaut mieux que guérir.