Le COVID-19 : une nouvelle menace pour la vie sauvage et le travail des éco-gardes

Le COVID-19 : une nouvelle menace pour la vie sauvage et le travail des éco-gardes

Bruxelles, 6 mai 2020 - Des images d’animaux sauvages dans des villes désertées de leurs habitants et du trafic routier ont été prises à plusieurs endroits du globe. Le confinement lié à la pandémie du COVID-19 a donné un peu de répit à la faune. Mais alors que le virus a des conséquences dramatiques sur les vies humaines, il représente aussi une grave menace pour le travail de conservation et toutes les personnes qui oeuvrent dans ce secteur, partout dans le monde.   


Le tourisme constitue la principale source de financement pour de nombreux parcs et aires protégées dans le monde. Avec leur fermeture, la durabilité des programmes de conservation est menacée. Jo Shaw, Senior Manager pour le Programme Vie Sauvage du WWF en Afrique du Sud : « Nous sommes très inquiets des conséquences qu’auront ces pertes de revenus pour notre travail de protection de la vie sauvage. Il y a le risque de pertes d’emplois et d’une baisse de soutien aux communautés locales qui vivent autour des parcs. Ce soutien est un outil important pour diminuer la pauvreté, le braconnage et les pressions sur les ressources naturelles. »    


Le WWF reste actif sur le terrain pour identifier les nouvelles menaces liées au COVID-19 – une évaluation est en cours pour mesurer l’impact de la pandémie sur le braconnage - et chercher des solutions. Cela nous permettra de poursuivre notre mission : protéger la nature en collaboration avec les communautés locales.  


Les éco-gardes, travailleurs essentiels, sont toujours sur le terrain 


Le 24 avril, nous avons appris avec effroi la terrible attaque survenue dans le Parc National des Virunga. Douze éco-gardes, un chauffeur et quatre civils ont été tué. Deux civils et trois éco-gardes ont été blessés, dont un grièvement. Selon l’ICCN, l’Institut congolais qui gère le Parc National des Virunga, l’attaque est imputable au groupe FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) et sa branche armée FOCA (Forces Combattantes Abacunguzi). Ce groupe tire son financement de la contrebande illégale de charbon de bois du parc des Virunga, une pratique qui menace à la fois le parc et les gorilles. Le WWF condamne fermement l’attaque et salue le travail des éco-gardes qui risquent leur vie chaque jour pour protéger les communautés locales et la faune sauvage.   


Les éco-gardes fournissent un service essentiel. Sans eux, de vastes espaces naturels seraient totalement sans protection. Cela nuirait aux humains et aux animaux. Dans le contexte du COVID-19, la plupart des éco-gardes poursuivent donc leur mission dans des conditions dangereuses puisqu’ils sont confrontés aux braconniers et aux trafiquants d’animaux sauvages. Le braconnage et la perte d’habitat sont les principales menaces à la survie de nombreuses espèces dans le monde. Le trafic des espèces sauvages pèserait entre 5 et 23 milliards de dollars par an. Les marchés insuffisamment réglementés où des espèces sauvages sont commercialisées illégalement auraient contribué à l’émergence du COVID-19.  Un rapport du WWF a récemment démontré le lien entre la destruction de la nature et le risque de pandémies.  


Les éco-gardes sont avant tout des professionnels qui jouent un rôle important dans la limitation de ce risque. Pourtant, les conditions de travail de ces hommes et femmes qui travaillent 72h/semaine en moyenne laissent à désirer. En 2019, une vaste enquête menée par le WWF auprès de 7.110 éco-gardes à travers 28 pays a révélé que la formation, le soutien médical ou même l’accès à l’eau potable étaient insuffisants.   


Les conséquences de la pandémie sont palpables 


«Ce mois-ci et le mois prochain, aucune patrouille communautaire autochtone ne peut avoir lieu dans le parc d'État Royal Belum ou dans la forêt de T Mengor. Cela peut prendre de 6 à 12 mois avant que la libre circulation ne soit pleinement autorisée et cela aura des implications pour la protection du parc »- Mohammed Azlan, WWF Malaisie 


"Ceux d'entre nous qui n'ont pas les moyens d'acheter des équipements de protection utilisent des masques à base de vêtements pour rester protégés" - Prem Kanwar, éco-garde, Inde  


"Les éco-gardes passent plus de temps à lutter contre les attaques de cultures par des animaux sauvages car il y a moins de travailleurs dans les fermes locales." - Muterian Ntanin, éco-garde, Kenya 


«L'isolement peut sembler nouveau pour de nombreuses personnes dans le monde, mais pas pour les éco-gardes. La plupart des postes de gardes forestiers sont éloignés et, dans de nombreux cas, ne sont occupés que par 1 ou 2 personnes. Les éco-gardes continuent de travailler dans des endroits reculés, ils sont souvent séparés de leur famille et privés de contacts extérieurs pendant des mois.” Rohit Singh, président de la Fédération des éco-gardes d'Asie. 


Privé de revenus, le secteur de la conservation pourrait s’effondrer 


Le WWF craint que la récession économique et le changement de comportement des touristes affectent le travail du secteur de la protection et de la gestion de la nature. La diminution des revenus impactera la gestion des parcs et des aires protégées, le paiement des salaires des éco-gardes et de la main d’œuvre locale.  


Le WWF travaille avec les communautés du monde entier depuis de nombreuses années afin de développer le tourisme de conservation comme un moyen de subsistance viable qui équilibre les intérêts des personnes et de la nature. Observation de la faune, lodges de safari, séjour chez l’habitant et artisanat fournissent de nombreux emplois. Cela incite les collectivités à protéger la faune et leur habitat. Sans leur principale source de revenus, les communautés sont exposées à des choix difficiles... 


Or, les communautés locales subissent de plein fouet la crise du COVID-19. Leur accès aux soins est limité et elles sont privées d’une majeure partie de leurs revenus puisque les produits (bétail, légumes) et l’artisanat sont plus difficilement vendus dans les marchés ou aux touristes. Dans ce contexte extrêmement difficile, elles ont plus que jamais besoin de soutien. Le WWF maintient un contact par téléphone et fourni conseil et assistance. Les prochains mois seront essentiels pour sauver les moyens de subsistance des communautés ainsi que plusieurs décennies de travail de conservation.  


Le WWF lance un appel pour soutenir le travail des éco-gardes


Le WWF doit trouver au plus vite des solutions de financement pour préserver le travail indispensable des éco-gardes et des communautés locales et assurer la survie des aires protégées et des animaux qui y vivent. C’est pourquoi le WWF lance un appel au don pour faire face à la crise. En soutenant le travail des éco-gardes et des communautés locales, nos donateurs contribuent à la protection de la biodiversité de nos projets de terrain aux quatre coins du monde. Les donations peuvent notamment se faire via notre site web.