La Méditerranée risque de devenir une “mer de plastique”, alerte un nouveau rapport du WWF
La Méditerranée risque de devenir une “mer de plastique”, alerte un nouveau rapport du WWF
Bruxelles 8 juin - La mer Méditerranée se transforme en un dangereux piège de plastique, avec des niveaux record de pollution qui mettent en danger les espèces marines et la santé humaine. En cause, une production et une consommation excessives de plastique, une mauvaise gestion des déchets et le tourisme de masse, qui rendent la Méditerranée l’une des mers les plus polluées au monde par les plastiques. C’est ce que révèle un nouveau rapport du WWF, publié aujourd’hui à l’occasion de la Journée mondiale des océans. C’est dans ce contexte que le WWF invite le public à limiter l’usage du plastique au quotidien et même pendant les vacances.
Chiffres à l’appui, ce nouveau rapport alerte sur l’utilisation du plastique en Europe et les nombreuses façons dont ce composé synthétique affecte la vie marine. En outre, le WWF propose également une série de recommandations sur les actions que les institutions, les entreprises et les individus peuvent entreprendre pour libérer la Méditerranée du plastique.
« Si rien n’est fait pour enrayer cette pollution, les principaux secteurs économiques de la Méditerranée, en particulier la pêche et le tourisme seraient impactés négativement. Les communautés locales qui dépendent de ces secteurs d’activité pour assurer leur subsistance seront également touchées. Des lors, nous devons agir dès maintenant et sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour sauver notre mer de la présence envahissante du plastique », déclare Cynthia Bashizi, porte-parole du WWF-Belgique.
Tout le monde peut contribuer, même en vacances
Les quatre pays les plus visités par les Belges sont tous des pays méditerranéens : la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Le plastique représente aujourd’hui 95 % des déchets sur les plages et en surface de la mer Méditerranée. La plupart de ce plastique est rejeté par la Turquie et l’Espagne, suivies par l’Italie, l’Egypte et la France. Le rapport montre également que l’activité touristique dans la région, avec plus de 200 000 touristes par an, augmente le niveau de pollution marine de 40 % chaque été. Il s’agit d’un problème que l’on peut traiter, mais cela nécessite l’engagement et la collaboration de tous.
De ce fait, le WWF appelle le touriste belge à éviter dans la mesure du possible le plastique jetable cet été. En observant les règles suivantes, chacun peut contribuer à la préservation non seulement de la Méditerranée mais aussi de l'océan mondial :
- Ne jetez aucun déchet (plastique) dans la nature. Une majeure partie de ces déchets finit dans la mer.
- Eviter d’utiliser ces objets s’ils sont en plastique : pailles, sacs à provisions, bouteilles d’eau, gobelets, etc. La plupart des matériaux plastiques n’étant pas biodégradables, tous ceux présents dans l’environnement y resteront pendant des centaines ou des milliers d’années.
- Avoir sa propre bouteille d’eau réutilisable.
- Apportez vos sacs à provisions réutilisables pour faire vos courses et ce, même étant en vacances.
- Jeter tous ses déchets (mégots, emballages) de manière appropriée. Ils se décomposent lentement et contiennent des matières plastiques pouvant rester dans l’environnement pendant longtemps.
Le « piège de plastique » méditerranéen
Les grands fragments de plastique blessent, étouffent et peuvent tuer les espèces marines, y compris les espèces protégées et menacées comme les tortues de mer et les phoques moines. Les microplastiques, plus petits et trompeurs pour les espèces qui les ingèrent, ont atteint des niveaux record de concentration, allant jusqu’à 1,25 million de fragments par km² dans la mer Méditerranée, soit près de quatre fois plus que dans les “îles de plastique” découvertes dans le nord de l’océan Pacifique.
Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Méditerranéenne Marine du WWF : « Nous produisons en Europe une quantité énorme de déchets plastiques dont la majorité est envoyée en décharge, avec pour résultat l’acheminement de millions de tonnes de plastique en Méditerranée chaque année. La conséquence de ce flot de contamination, associé à la spécificité de la Méditerranée qui est une mer semi-fermée, est le niveau de concentration record de dangereux microplastiques qui menacent à la fois les espèces marines et la santé humaine. On ne peut pas laisser la Méditerranée se noyer dans le plastique. »
Télécharger le rapport
Le rapport « Pollution plastique en méditerranée. Sortons du piège ! » en français ainsi que les photos et vidéos peuvent être téléchargés ici .
Fichiers et ressources disponibles
- Le rapport « Pollution plastique en méditerranée. Sortons du piège ! »
- Plusieurs photos sont également disponibles sur demande
- Vidéos B-Roll de la pollution en Méditerranée
- Possibilité de s’entretenir avec un porte-parole du WWF
Quelques chiffres intéressants pour les médias
- L’Europe est le deuxième plus grand producteur mondial de plastique après la Chine et rejette en mer chaque année près de 500 mille tonnes de macroplastiques et près de 130 mille tonnes de microplastiques. En 2016, l’UE-28, la Norvège et la Suisse ont produit 60 millions de tonnes de plastique et généré 27 millions de tonnes de déchets plastiques.
- Chaque année, 150 000 à 500 000 tonnes de macro-déchets en plastique et 70 000 à 130 000 tonnes de micro-plastiques pénètrent les mers européennes. La grande majorité de ce plastique (fragments de moins de 5mm) fi nit dans la mer Méditerranée.
- La Méditerranée est considérée comme la sixième plus grande zone d’accumulation de déchets marins : cette mer ne représente que 1 % des eaux mondiales mais concentre 7 % de tous les micro-plastiques de la planète.
- Le bassin méditerranéen abrite 150 millions de personnes, qui font partie des plus gros producteurs de déchets urbains solides, entre 208 et 760 kg par an et par habitant. Les touristes visitant la Méditerranée, soit plus de 200 millions de personnes chaque année, génèrent une augmentation de 40 % des déchets marins l’été. Les débris sont également emportés vers la mer par les fleuves, principalement le Nil, l’Ebrè, le Rhône, le Pô et les fleuves Ceylan et Seyhan en Turquie qui se jettent dans la mer après avoir traversé des zones densément peuplées.
- La pollution plastique peut avoir un impact sur les secteurs économiques clés de la Méditerranée, en particulier la pêche et le tourisme. Selon les estimations, les déchets marins coûteraient 61,7 millions d’euros à la flotte de pêche de l’UE chaque année, en raison d’une prise de poissons réduite, des dommages aux navires ou d’une demande en produits de la mer plus faible, liée aux inquiétudes sur la qualité du poisson. Les plages polluées peuvent également décourager les visiteurs, entraînant une réduction des emplois et des revenus et une augmentation des coûts de nettoyage des plages et des ports.
Faits importants sur la pollution naturelle et plastique
- En mer Méditerranée, 134 espèces sont victimes de l’ingestion de plastique.
- 18 % des thons et des espadons ont des débris de plastique dans l’estomac - principalement de la cellophane et du PET.
- Toutes les espèces de tortues de mer vivant en Méditerranée ingèrent du plastique. Une étude menée pendant 10 ans sur la tortue caouanne a montré que 35 % des spécimens analysés avaient ingéré des débris, pour la plupart en plastique. Il a été trouvé jusqu’à 150 fragments de plastique dans certains spécimens.
- Aujourd’hui, 90 % des oiseaux de mer du monde entier ont des fragments de plastique dans l’estomac. Les débris de plastique dans l’environnement marin, y compris les granulés de résine, les fragments et les morceaux de plastique microscopiques, contiennent des polluants organiques, tels que des pesticides, des phtalates, des PCB et du bisphénol A. Une fois que les polluants plastiques pénètrent dans le corps, ils interfèrent avec des processus biologiques importants, causant des dommages au foie ou altérant les hormones.
- Les échantillons de plancton testés dans le Sanctuaire Pelagos se sont avérés fortement contaminés . Les concentrations de phtalates trouvées dans les tissus des rorquals communs étaient jusqu’à 4 à 5 fois plus élevées que celles des baleines provenant de zones moins contaminées.
Note aux rédactions
Nos communiqués de presse et rapports se trouvent sur https://wwf.be/fr/press /
Le WWF est une des plus grandes organisations internationales pour la conservation de la nature et une des plus expérimentées. Il est actif dans plus de 100 pays et compte plus de 5 millions de sympathisants dans le monde. Le but du WWF est de léguer aux générations futures une planète vivante. Le WWF œuvre pour la conservation des espèces sauvages et de leurs habitats naturels : forêts, zones humides et océans. Le WWF contribue également à trouver des solutions aux pollutions, aux gaspillages des ressources naturelles et au réchauffement climatique.
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