La lutte contre le commerce illégal d’espèces d’animaux et de plantes sauvages monte d'un cran en Belgique - Le WWF demande continuité et vision coordonnée

La lutte contre le commerce illégal d’espèces d’animaux et de plantes sauvages monte d'un cran en Belgique - Le WWF demande continuité et vision coordonnée

Bruxelles, le 10 juillet 2018 – La ministre Marghem et le service d'inspection fédéral ont présenté aujourd’hui les résultats des inspections concernant le commerce illégal d’espèces d’animaux et de plantes sauvages ainsi que de leurs produits dérivés, comme le bois. Le WWF apprécie les efforts livrés récemment par les autorités afin de s'attaquer à l'illégalité de ce commerce par des actions ciblées et demande d’en garantir la continuité et le renforcement dans les années à venir. En effet, il y a encore du travail du côté de la mise en œuvre des lois par les services des douanes, la police, les inspecteurs locaux et les magistrats. Une coopération, coordination et un monitoring à tous ces niveaux et dans le cadre d’une vision stratégique commune sont nécessaires, pour s'attaquer avec succès au commerce illégal d’espèces sauvages en Belgique. 

 

Commerce illégal d'espèces sauvages 

Le commerce international d’animaux et de plantes sauvages est une entreprise lucrative, estimée à plusieurs dizaines/centaines de milliards d’euro par an. Des manquements dans l’application des lois font que ce commerce menace de plus en plus la biodiversité, la santé publique et la stabilité socio-économique de certains pays. Les autorités ont donc tout intérêt à s’attaquer à ce problème de manière stricte. En Belgique aussi, le commerce d’espèces d’animaux et de plantes sauvages prend des proportions considérables et l’illégalité n’est jamais loin. Dans notre pays, les inspections et des poursuites fermes sont donc tout aussi nécessaires. Les résultats présentés aujourd'hui par le service d'inspection montrent que chaque semaine, des contrôles et des saisies d’animaux, de plantes et de leurs produits sont effectués chez les particuliers, dans les aéroports et les centrales de colis postaux. Additionnellement, un commerce a également lieu en ligne, et celui-ci doit aussi être contrôlé. Un rapport récent de IFAW fait l'état des lieux2. Les contrôles peuvent seulement démontrer leur efficacité lorsque des sanctions suffisantes s’en suivent. Une bonne coopération avec la magistrature est alors essentielle.  

Sofie Ruysschaert, chargée de politiques Vie Sauvage au WWF : « L’évaluation de mi-parcours du plan d’action européen pour la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages d’animaux et de plantes est attendu au cours de cette année. Une mise en œuvre plus stricte de la législation, une meilleure coopération et une prévention plus efficace a été demandé des états membres. Nous sommes curieux de l’évaluation de la Belgique par rapport aux autres États Membres. Notre pays, et plus particulièrement les ministres et instances compétentes, ne peuvent pas rester en arrière et doivent aller de l’avant en mettant en œuvre les 5 points ci-dessous. » 

Un début d'action sur le bois illégal et une règlementation à renforcer 

En ce qui concerne l’application du règlement bois entré en vigueur il y a 5 ans, la Belgique montre enfin des efforts concrets. Le nombre de PV dressés récemment par les nouveaux inspecteurs suggère que les inspections sont désormais plus approfondies, mais indique aussi que de nombreuses entreprises belges sont encore mal préparées pour écarter le bois illégal de leur chaîne d'approvisionnement. « La Belgique est au tout début de la lutte contre le commerce illégal de bois. Ces premiers efforts sont un signal important : des investigations approfondies et des sanctions dissuasives en cas d’infraction doivent clairement annoncer la donne aux entreprises qui prendraient encore des risques en s’approvisionnant en bois d’origine illégale », rajoute Béatrice Wedeux, chargée de politiques Forêts. D’après le WWF, il faudrait sans tarder augmenter la portée des inspections. En effet, celles-ci n’ont pas touché tous les produits en bois ou dérivés provenant de sources à haut risque d’illégalité, comme la pâte à papier du Brésil, le bois de Russie et d’Ukraine, ou encore les produits finis comme les meubles de Chine. Beaucoup de produits transformés ne sont d'ailleurs actuellement pas couverts dans le Règlement Bois et continuent donc d'entrer sur le marché européen sans aucun contrôle. Les analyses du WWF ont décelé des hauts risques d'illégalité dans ces produits (cfr. notre rapport sur le charbon de bois). Le WWF salue la déclaration de la ministre Marghem pour l'inclusion de « tous les produits pertinents » dans le RBUE. Béatrice Wedeux: « Le Règlement Bois n'atteindra son objectif que lorsque tous les produits en bois seront inclus et qu'il sera bien appliqué en Europe. En tant que grand importateur de bois, la Belgique peut jouer un rôle important par son soutien actif d'un élargissement du champ d'application du RBUE lors de la révision en cours. »  

Le WWF appelle le gouvernement et les autres autorités concernées à poursuivre les efforts déployés en priorité par : 

  1. Reconnaître la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages formellement comme une priorité à niveau fédéral par l’introduction et la mise en œuvre d’un plan d’action national en coopération entre les services de la justice, des finances et de la santé publique ;

  2. Libérer plus de moyens et de capacités pour une coordination centrale et intégrée des contrôles aux points d'entrée et de transit importants (aéroports, ports maritimes, online,..) ; 

  3. Prévoir des formations continues et des moyens pour suivre les évolutions du marché et les nouveaux outils (p.ex. analyses isotopiques, ADN, …) ; 

  4. Des sanctions dissuasives des infractions afin de poser des précédents clairs ;

  5. La communication et l'information pour une sensibilisation du public et des entreprises.