Face à la recrudescence des saisies de tigres élevés en captivité, il devient urgent pour l’Asie de mettre fin aux fermes d’élevage d’ici 2019

Face à la recrudescence des saisies de tigres élevés en captivité, il devient urgent pour l’Asie de mettre fin aux fermes d’élevage d’ici 2019

Hanoi, Vietnam, 16 Novembre – L’avenir des tigres sauvages est menacé par l’élevage à des fins commerciales en Asie. Lors de la conférence internationale sur le commerce illégal des espèces sauvages débutant demain à Hanoi, les gouvernements doivent annoncer leurs engagements à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à toutes les fermes d’élevage de tigres sur le continent d’ici trois ans.

 

Un rapport de TRAFFIC publié en septembre dernier sur le commerce illégal de tigres révèle que 30% des tigres saisis entre 2012 et 2015 proviennent de fermes d’élevage, démontrant ainsi le rôle croissant de ces établissements dans le commerce illégal. Tout en compliquant l’application de la loi, les fermes d’élevage de tigres légitiment par ailleurs la vente de parties et produits de tigres, faisant par là même croître la demande.

Nous ne doutons plus de la contribution des fermes d’élevage de tigres à la croissance du commerce illégal de cette espèce, ni de la nécessité de fermer ces structures” déclare Michael Baltzer, responsable de la Tigers Alive Initiative du WWF. “La Conférence d’Hanoi est le lieu idéal pour que des gouvernements s’engagent à mettre fin aux fermes d’élevage de tigres en Asie, ce qui contribuerait grandement à la survie et au rétablissement des tigres à l’état sauvage”.

Le tigre sera un des sujets prioritaires de la conférence internationale se tenant au Vietnam. Bien que les régions aient redoublé d’efforts pour mettre fin au braconnage et au trafic de tigres, le rapport Reduced to Skin and Bones Re-examined souligne que 109 tigres en moyenne sont tués et commercialisés chaque année depuis 2000. La réalité est certainement beaucoup plus alarmante puisque ces chiffres proviennent de saisies enregistrées et n’intègrent pas une grande partie du commerce non détecté.

Le Vietnam s’est progressivement transformé en une importante plaque tournante pour le trafic de tigres. Il héberge en effet un nombre croissant de fermes d’élevage – alors que 40% des saisies de tigres enregistrées dans ce pays provient de ces structures. Le rôle du Vietnam dans le commerce illégal de tigre a été mis en évidence lors d’une audience publique de la Wildlife Justice Commission à La Haye cette semaine. On estime au total que plus de 7 000 tigres sont détenus dans les fermes d’élevage en Asie, principalement en Chine, au Laos, en Thaïlande et au Vietnam.

Le nombre croissant de tigres suspecté d’avoir été élevés en captivité montre que ces fermes sont des passoires. Et cela est particulièrement vrai au Laos, en Thaïlande et au Vietnam” note Kanitha Krishnasamy, auteure du rapport de TRAFFIC.

En octobre dernier, le Laos a annoncé la fermeture de ses fermes d’élevage de tigres. En juin, la Thaïlande lançait une procédure d’enquêtes dans tous ses établissements d’élevage en captivité suite aux révélations choquantes du Temple des tigres, notamment la découverte des corps de 40 bébés tigres conservés dans des bocaux.

La Thaïlande et le Laos ont déjà annoncé une fin aux fermes de tigres ; le Vietnam doit les rejoindre et participer aux efforts pour interdire la reproduction du tigre à des fins commerciales en Asie” affirme Thinh Van Ngoc, directeur du WWF Vietnam. “ Il n’y a plus d’excuses pour autoriser les fermes d’élevage de tigres. La preuve est claire, que bien qu’un soutien technique et financier est disponible - il ne manque plus que la volonté politique”.

Le 23 novembre prochain marquera le 6ème anniversaire de l’important « Sommet du tigre » à Saint Pétersbourg et un point à mi-parcours de la campagne mondiale Tx2 visant à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022 – le plus ambitieux et visionnaire programme global de sauvegarde créé pour une seule espèce.  

Pour la première fois depuis le début du siècle, le nombre de tigres sauvages à l’échelle mondiale a légèrement augmenté. Mais avec une estimation de seulement 3 890 tigres à l’état sauvage, cette espèce est encore en danger, notamment à cause d’un braconnage qui ne ralentit pas. L’Inde, à titre d’exemple, a signalé 76 tigres braconnés cette année - un record sur les 6 années passées.

Des décennies de campagnes et d’actions sur le terrain pour lutter contre le braconnage du tigre ont donné des résultats significatifs, mais la menace est toujours aussi grande” ajoute Michael Baltzer. “Mettre fin à l’élevage de tigres serait un soulagement et aiderait les forces de l’ordre à se concentrer uniquement sur les braconniers et les trafiquants de tigres sauvages.”

Outre l’annonce de la fermeture des fermes d’élevage de tigres, les gouvernements asiatiques peuvent également prendre des mesures concrètes et immédiates pour s’assurer que les tigres élevés en captivité n’entrent pas dans la chaîne commerciale illégale avant que les fermetures soient effectivement réalisées.

Tous les gouvernements devraient soutenir une proposition gouvernementale de l’Inde destinée à créer une base de données régionale sur les motifs de rayures permettant de comparer des photos de peaux de tigres saisies avec des photos de tigres sauvages prises avec des caméras-pièges et des photos de tigres en captivité; faire une compilation de marqueurs ADN provenant des populations de tigres sauvages et en captivité au sein de leur pays; et lancer des programmes ciblés de changements des comportements, basés sur des études préalables, pour réduire la demande des parties et produits de tigres.