COP24 : la communauté internationale dote l’Accord de Paris de ses règles d’application mais manque d’ambition dans ses engagements

COP24 : la communauté internationale dote l’Accord de Paris de ses règles d’application mais manque d’ambition dans ses engagements

Katowice, Pologne (15 Décembre 2018) – Les négociations des Nations Unies sur le climat de la COP24 viennent de se clôturer, après une prolongation d’une journée afin de parvenir à un accord. Le WWF accueille favorablement les avancées de cette COP en ce qui concerne l'adoption des règles d’application de l'Accord de Paris pour sa pleine mise en œuvre ainsi que le signal envoyé par les Etats sur le besoin de renforcer leur ambition climatique. Le WWF reste cependant très préoccupé quant à leur incapacité collective à ce jour à répondre à l’urgence climatique.

La Belgique risque maintenant de rater complètement le bateau. Néanmoins, nous avons entendu des politiciens de nos gouvernements qui souhaitent travailler avec un niveau d’ambition plus élevé ou une loi climatique belge. Nous appelons ces politiciens à ne pas se cacher derrière les critiques, mais à peser de tout leur poids politique afin d'obtenir l'unanimité nécessaire au sein des gouvernements.

« Les dirigeants du monde sont arrivés à Katowice avec la mission de répondre aux conclusions scientifiques les plus récentes, qui indiquent clairement que nous n'avons que 12 ans pour réduire de moitié les émissions de CO2 et prévenir un réchauffement climatique catastrophique. Ils ont réalisé des progrès importants, mais ce que nous avons vu en Pologne révèle un manque profond de compréhension de la part de certains pays à l’égard de la crise actuelle. Pourtant l’avenir de chacun d’entre nous est en jeu. Nous avons besoin que tous les pays s’engagent à relever leur ambition climatique d’ici 2020. »

Manuel Pulgar-Vidal, directeur du réseau mondial Climat et Energie du WWF

Les conclusions de cette COP nous signalent que les pays pourraient augmenter leurs objectifs climatiques d’ici 2020, guidés par le dernier rapport spécial du GIEC sur le climat d’une limitation à 1,5°C. Des pays développés et en développement se sont mobilisés en faveur de l'accélération des efforts mondiaux visant à assurer un avenir climatique viable et vivable pour l’humanité.

Les Etats sont donc attendus au tournant pour relever concrètement leurs efforts climatiques d’ici 2020 à l’occasion du futur sommet sur le climat du Secrétaire Général des Nations Unies (prévu pour le 23 septembre 2019) entériné dans les décisions de la COP24.

« La COP24 confère maintenant une responsabilité directe aux décideurs pour qu’ils arrivent avec des objectifs climatiques améliorés ou un engagement à les remettre d’ici 2020, au Sommet du Secrétaire général des Nations unies sur le climat de septembre prochain. L’inverse serait un échec total de leadership politique et moral. »

Manuel Pulgar-Vidal, directeur du réseau mondial Climat et Energie du WWF

Les négociations de cette année ont conclu un ensemble de règles visant à rendre opérationnel l'Accord de Paris, en matière de transparence et de comptabilisation des progrès réalisés par les pays dans la mise en œuvre de leurs efforts, tout en offrant une certaine flexibilité aux pays en développement.

Du côté des financements, ces discussions se terminent également avec peu de clarté sur la manière de comptabiliser les moyens mobilisés par les pays développés pour soutenir les pays en développement dans leur action climatique, d’atteindre l'objectif annuel de 100 milliards de dollars d'ici 2020 ou encore sur la façon d’avancer sur un objectif global de financement pour l'après-2025.

L’annonce en fin de COP24 d'une "Coalition de la Haute Ambition" rejointe par une trentaine de membres, comme les Îles Marshall, Fidji, l'Éthiopie, des états membres de l'Union Européenne ainsi que la Commission, la Norvège, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, ou la Colombie, aura permis de donner une impulsion sur le front de l’ambition. Ces Etats se sont engagés à améliorer leurs plans climat nationaux avant 2020 et à intensifier leurs actions à court et long terme.

 

Une loi sur le climat qui transcende les problèmes du jour

La Belgique n'a malheureusement pas montré l'engagement espéré d'accroître son ambition. Malgré la demande impérieuse de 75 000 personnes dans les rues de Bruxelles, notre pays a choisi de rester en marge en refusant d'approuver une proposition visant à accroître l'efficacité énergétique, l'une des seules en Europe. En dépit de la déclaration volontariste du Premier ministre, notre pays était contre une augmentation de l'objectif d'émissions de l'Europe de -40 à -55%.

L'absence de politique cohérente entre les régions et les différences politiques qui ne prennent en compte que le court terme empêchent la mise en place d'une politique climatique sérieuse. En conséquence, notre pays risque non seulement de rater le bateau international, mais nos administrateurs mettent également en danger la population.

Le WWF plaide donc pour que la Belgique travaille sur un cadre législatif permettant d'établir, de planifier et de mettre en œuvre l'objectif à long terme, à savoir la neutralisation du CO2, bien avant 2050. Cela n'est possible qu'avec une véritable "loi sur le climat" qui empêche les objectifs à court terme de chaque législature de perdre de vue l'objectif à long terme. Par exemple, les gouvernements, les acteurs de la société civile et les secteurs économiques peuvent planifier les ajustements nécessaires et les mettre en œuvre à temps. Dans d’autres pays européens, cette approche s’est révélée efficace.

  • Des objectifs de réduction des émissions à long terme et intermédiaires ;
  • La mise en place d’un « Conseil Climat » indépendant, composé d’experts qui conseillent tous les gouvernements, consultent les parties prenantes et rapportent les progrès accomplis aux parlements et dont les recommandations sont suivies par les gouvernements.
  • Un plan de réalisation avec des mesures concrètes, revu et amélioré tous les 5 ans (en ligne avec l’Accord de Paris) ;
  • Un plan d’investissement sur cinq ans et un budget annuel, adaptés au plan de réalisation et incluant les frais liés au « Conseil Climat » ;
  • Une procédure contraignante en cas de non-respect de la réglementation

 

Malgré les positions belges, nous avons été heureux d’entendre à la CdP, au sein des gouvernements, des hommes politiques qui souhaitent travailler avec un niveau d’ambition plus élevé ou une loi sur le climat. Nous appelons ces politiciens à ne pas se cacher derrière les critiques, mais à peser de tout leur poids politique afin d'obtenir l'unanimité nécessaire au sein des gouvernements.

 

La 25ème session de la Conférence des Parties (COP25) à la CCNUCC aura lieu au Chili du 11 au 25 novembre 2019, la pré-COP se tenant au Costa Rica.