Bruxelles, le 20 octobre 2023 – La conférence BeWild organisée par le WWF a eu lieu hier à Namur. Elle portait sur le réensauvagement, une approche de restauration de la nature qui gagne en popularité. Expert·es et politicien·nes y ont discuté de l'avenir de la nature dans notre pays. Des représentants des partis politiques wallons, dont la Ministre wallonne de l'environnement Céline Tellier (Écolo), et le président du MR, Georges-Louis Bouchez, y ont pris des engagements concrets pour la restauration de la nature Wallonne.

Parmi les différentes méthodes pour conserver et restaurer la nature, une approche innovante sort du lot : le réensauvagement. « Cette approche met à l’honneur une vision dynamique de la nature - en mouvement constant - et une intervention humaine limitée », explique Corentin Rousseau du WWF. L’approche se focalise sur trois éléments clés : créer de larges zones protégées, y restaurer des processus naturels et laisser ensuite la nature reprendre ses droits.    

Réensauvagement en Wallonie 

Le but de cette conférence ? Céline De Caluwé du WWF : « La conférence BeWild a voulu mettre en lumière les approches du réensauvagement pouvant être appliquées en Belgique, et plus spécifiquement en Wallonie. » Par exemple : comment le réensauvagement pourrait-il aider la Wallonie dans ses besoins de restauration de la nature et dans les défis liés aux changements climatiques tels que les inondations et les sécheresses ? Comment apprendre à vivre aux côtés des grands mammifères comme le lynx, le loup ou le bison ? 

Expert·es et politicien·nes 

La conférence BeWild a donné la parole à plusieurs expert·es qui ont partagé leurs expériences en Belgique et à l'étranger. S’y sont notamment exprimés Sébastien Lezaca (Forêt et Naturalité), sur une forêt wallonne plus résiliente, Lieven Nachtergale (Agentschap Natuur en Bos), sur l’impact du Plan Sigma en Flandre et Céline Hanzen (Parc National de la Semois), sur les obstacles des cours d’eau et la connectivité écologique. 

À la fin de la conférence, les représentant·es de différents partis politiques wallons ont eu l'occasion de partager leur vision et leurs objectifs en matière de nature et de réensauvagement. Étaient présent : la Ministre wallonne de l’environnement Céline Tellier (écolo), M. Georges-Louis Bouchez (MR), Mme Gwenaëlle Grovonius (PS), M. François Desquesnes (Les Engagés) et M. Làszlò Schonbrodt (PTB). 

Un panel politique engagé  

L’ensemble des 5 politicien·nes se sont engagés à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour qu’au moins 5% de la surface wallonne deviennent des réserves naturelles (zones strictement protégées) d’ici 2030, et se sont dit prêts à mettre en œuvre les actions nécessaires pour qu’au moins 30% des habitats en mauvais état de conservation atteignent un bon état de conservation (ou au moins une forte amélioration) d'ici 2030.  

Une affirmation unanime que la Ministre Céline Tellier a accueilli avec soulagement, après les déclarations politiques inquiétantes qui avaient appelé à « mettre sur pause » la loi européenne sur la restauration de la nature. « Cette proposition de loi se base sur ces objectifs d’amélioration de l’état de conservation des habitats et est en cours de négociation au niveau européen. Le WWF rappelle qu’en Belgique environ 95% de nos habitats sont en mauvais état de conservation et appelle nos décideurs politiques belges à saisir l’opportunité de restaurer ces habitats en soutenant une loi européenne ambitieuse pour la restauration de la nature », indique Laurence Drèze du WWF-Belgique. 

L’ensemble des 5 partis se sont également montrés unanimement favorables à protéger légalement les forêts anciennes de Wallonie d’ici 2030, et se sont dit prêts à mettre en œuvre des actions pour qu’il n’y ait plus d’eaux usées rejetées dans la nature d’ici 2027, ainsi qu’à mettre en œuvre un plan d’action pour réaliser des reméandrages et des zones d’immersion temporaire pour lutter contre les inondations en Wallonie. En ce qui concerne la connectivité, tous les panélistes se sont dit prêts à utiliser la cartographie d’un réseau écologique wallon comme outil de programmation des actions de conservation et de restauration de la nature dès la prochaine législature. Ils se sont également tous engagés à soutenir financièrement les parcs nationaux wallons après 2026. 

La Ministre wallonne de l’environnement Céline Tellier a notamment déclaré lors de ces débats :  

« On doit tendre vers 100% de nos habitats naturels qui soient restaurés. » Tout en précisant que « la nature est la meilleure alliée de l’agriculture.[…] Si on veut promouvoir l’économie à l’échelle internationale et aussi à l’échelle de la Belgique, on doit aussi avant tout protéger la nature. » 

En ce qui concerne l’articulation des compétences environnementales avec le niveau européen, la Ministre a donné le ton : «[…] Les spécificités des différents états […] ne doit pas servir d’excuse pour ne rien faire au niveau national, parce qu'aujourd’hui l’urgence est vraiment absolue en matière de biodiversité. » 

À propos des parcs nationaux la Ministre a indiqué que c’est « Un projet qui est en capacité d’allier la prospérité économique et la protection de la nature ». Elle a ajouté que: « Plus protéger, plus valoriser nos pépites naturelles c’est un vecteur de prospérité.[…] L’objectif c’est bien entendu de pérenniser l’ensemble des acteurs parce que je pense qu’on a vraiment un projet positif et novateur pour notre région. » 

Prix BeWild 

Le prix BeWild a récompensé le mémoire de Master inspirant d’Emma Leyders de l’ULB, intitulé « Le réensauvagement en Wallonie : vers une redéfinition des savoirs et pratiques écologiques ? » et prenant Nassonia et le Grand Bois Commun pour études de cas. Elle aura l’opportunité de faire un voyage d’étude dans une zone sauvage de Roumanie où une population florissante de bisons est présente depuis quelques années, notamment grâce aux efforts du WWF. 

Optimisme 

Et maintenant ? « Nous sommes très optimistes pour l'avenir, » conclut Céline De Caluwé du WWF. « Nous avons vu de nombreuses réactions positives de la part des politicien·nes présents, et l'enthousiasme pour le réensauvagement des quelques 300 participant·es présents montre à quel point le sujet est important. »