Les élevages bovins wallons extensifs favorisant le pâturage : plus écologiques et aussi rentables que les élevages conventionnels
Les élevages bovins wallons extensifs favorisant le pâturage : plus écologiques et aussi rentables que les élevages conventionnels
Une étude du WWF sur les filières d’élevages bovins en Wallonie démontre que les exploitations à faible impact environnemental génèrent autant de revenus que les exploitations conventionnelles. L’intensification de l’agriculture n’est pas durable sur les plans économique et environnemental. Le WWF appelle les décideurs politiques wallons à réorienter les aides de la PAC et à soutenir la transition vers des modèles agricoles extensifs.
L’étude du WWF, réalisée par l’UCLouvain, compare les performances environnementales et économiques de 290 exploitations laitières et 216 exploitations de viande en Wallonie entre 2014 et 2017. Elle démontre que les revenus ne sont pas nécessairement liés au volume de production de lait de vache et de viande. Les fermes à faible impact environnemental obtiennent les mêmes performances économiques que les exploitations conventionnelles. Ce résultat est dû à la valorisation de l’herbe pâturée pour nourrir le bétail et aux économies réalisées sur les achats d’aliments (respectivement -31 % et -63 % pour les exploitations laitières et allaitantes à faible impact environnemental), et de semences, engrais et produits phytosanitaires (respectivement -47% et -60%). Selon l’étude, les éleveurs peuvent créer des revenus tout en préservant l’environnement. L’enjeu n’est plus de produire plus, mais de produire mieux.
Un secteur à bout de souffle
Le secteur agricole européen est orienté sur la maximisation de la productivité. Pourtant, l’agriculture industrielle a des conséquences économique et environnementale catastrophiques. Depuis 1990, 56% des exploitations agricoles ont disparu en Wallonie. Le salaire moyen d’un agriculteur wallon est de 1300€, dont plus de 130% de subsides . Près d’un tiers des travailleurs gagnent 533€ par mois en moyenne. Les subventions de la PAC (Politique Agricole Commune) de l’Union Européenne ne suffisent plus à assurer un revenu décent aux travailleurs. Outre la pression économique, les agriculteurs font face à des défis environnementaux, tels que le déclin de la biodiversité, les sécheresses, la pollution de l’eau, de l’air et des sols, ...
Le secteur est à bout de souffle et a d’importantes répercussions sur l’environnement. L’agriculture est responsable de 12,8% des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie. Elle est aussi l’une des principales causes de la chute de biodiversité. Selon le Rapport Planète Vivante Belgique , les populations d’oiseaux évoluant en milieux agricoles wallons ont décliné de 55% en moyenne entre 1990 et 2018. Cette chute est associée à l’intensification des pratiques agricoles.
Changer de modèle : vivre mieux en produisant moins
L’étude démontre que l’agriculteur peut vivre mieux en produisant moins.Les exploitations qui privilégient l’élevage extensif, nourrit essentiellement à l’herbe, génèrent autant de revenus que les exploitations qui produisent à plus grande échelle et utilisent plus de produits chimiques. Le maintien des prairies à travers cet élevage extensif permet de nourrir le bétail, capturer le CO 2 , assurer le maillage écologique et jouer un rôle contre l’érosion des sols.
« Ce qui nous intéresse, c’est de porter un modèle agricole alternatif qui fonctionne du point de vue économique et environnemental. La réforme de la PAC qui se profile est une excellente opportunité d’aider à cette transition de modèle » explique Monica Schuster, responsable des politiques agricoles au WWF-Belgique.
Actuellement, 1/5 du budget de la PAC wallonne pousse à l’intensification de la production. Le WWF appelle les décideurs politiques wallons à freiner la course à la productivité et encourager la transition vers des modèles agricoles extensifs et qui valorisent l’herbe. La réforme de la PAC post-2020 doit tenir compte des défis économiques et environnementaux. Cette transition irait de pair avec une plus grande efficacité de la production et un revenu du travail similaire pour les agriculteurs.