L’Espagne échoue à protéger le Coto de Doñana

L’Espagne échoue à protéger le Coto de Doñana

Bruxelles, le 1 décembre – Le parc national espagnol Coto de Doñana est menacé. Il sera probablement le premier site naturel européen à figurer sur la liste du Patrimoine Mondial en péril de l’Unesco. A ce jour en effet, le gouvernement espagnol n’est pas parvenu à protéger cette région humide exceptionnelle et son estuaire des activités industrielles nuisibles. Le WWF ne cessera toutefois pas de s’engager pour la protection de ce site.


Le gouvernement espagnol aurait eu le temps de proposer des mesures pour assurer la protection du parc national Coto de Doñana et éviter que cette zone humide, située au sud du pays, devienne le premier site naturel européen à figurer sur la liste du Patrimoine Mondial en péril de l’Unesco. Il n’a malheureusement rien fait pour s’opposer aux projets de dragage destructeurs dans le fleuve Guadalquivir, qui forme le cœur du Doñana. Le comité de l’Unesco a pressé le gouvernement d’annuler ces plans dévastateurs et de renoncer, à l’avenir, à tout autre projet d’approfondissement du lit du fleuve.

 

Le délai est échu

«Les autorités espagnoles ont trop longtemps ignoré les faits scientifiques, leurs engagements internationaux, ainsi que les décisions de l’Unesco,» affirme Juan Carlos del Olmo, directeur général du WWF Espagne. «Le délai est désormais échu. Le comité de l’Unesco devrait, avec raison, inscrire le Coto de Doñana sur la liste du Patrimoine Mondial en péril.»

De plus, étant donné que le Coto de Doñana est un site Natura 2000, il est protégé par la législation européenne et les impacts de projets industriels dans le site doivent être analysés et pris en compte. Cela n’a pas été fait de manière satisfaisante et le WWF demande à la Commission européenne de faire comparaître le gouvernement espagnol devant la Cour européenne de Justice.

 

Zone humide pratiquement asséchée

La zone humide de Doñana, en Andalousie, est considérée comme un habitat essentiel pour plus de six millions d’oiseaux migrateurs et le lynx ibérique, fortement menacé de disparition. En raison des activités industrielles, le débit du fleuve dans la zone humide a baissé à moins de 20%. Depuis le début du XXe siècle, cette zone humide a ainsi perdu près de 80% de sa surface. Le WWF suppose que plus de 1000 puits illégaux, 1700 étangs d’irrigation et 300 hectares de surfaces agricoles construites illégalement assèchent ce précieux biotope.

L’organisation de défense de l’environnement est par ailleurs alarmée par les projets d’une entreprise mexicaine, visant à rouvrir une mine située à proximité. En 1998, son exploitation avait déclenché une catastrophe naturelle, qui avait anéanti 30 000 kilos de poisson et occasionné des travaux de remise en état pour 380 millions d’euros. Selon l’Unesco, l’exploitation minière et les forages pétroliers ou gaziers ne sont pas compatibles avec le statut de patrimoine naturel mondial.

Le cas du Coto de Doñana n’est malheureusement pas isolé. Le site naturel du Selous en Tanzanie, le récif corallien du Belize et le Parc national du Pirin en Bulgarie sont en danger. Dans le monde, la moitié des 229 sites naturels reconnus comme patrimoine mondial de l’Unesco, répartis dans 96 pays, sont menacés. Le WWF mène actuellement une campagne mondiale pour demander la protection complète de ces sites exceptionnels et la reconnaissance des bénéfices qu’ils apportent à l’Humanité. Plus d’informations sur  https://makeyourmark.panda.org.

 

Informations sur le Coto de Doñana

Le Coto de Doñana est à la fois parc national, zone protégée par la Convention de Ramsar, zone protégée Natura 2000, réserve de biosphère Unesco et Patrimoine Mondial de l’Unesco. Le WWF est lié au parc depuis plus de 50 ans. En 1963, l’organisation a acheté 6700 hectares de terres, devenues la première zone protégée d’Espagne. Le Coto de Doñana abrite plus de 4000 espèces animales, parmi lesquelles des oiseaux menacés de disparition et le félin le plus rare du monde, le lynx ibérique (Lynx pardinus).