Jour du dépassement : ce 1er août, la Terre sera en déficit écologique !

Jour du dépassement : ce 1er août, la Terre sera en déficit écologique !

Ce 1er août, nous avons dépassé les capacités annuelles de la Terre. Cela signifie qu’en à peine plus de sept mois, nous avons consommé ce que la Terre peut produire en une année entière et que, lors des prochains mois, nous devrons entamer le capital de notre planète. Le jour du dépassement tombe sept jours plus tôt qu’en 2016 (le 8 août), 12 jours plus tôt qu’en 2015 (13 août), et il n’a pas moins de 18 jours d’avance par rapport à 2014 (19 août). En 1997, la date fatidique tombait encore fin septembre. Bien que la transition vers un monde sans énergies fossiles ait indubitablement été amorcée, la consommation des êtres humains continue d’augmenter. De plus, 60 % de la pression humaine sur la planète proviennent des émissions de CO₂. Cependant, des solutions existent pour inverser la tendance et repousser la date vers septembre voire octobre en 2019.

Chaque année, le Global Footprint Network calcule le jour du dépassement « Earth Overshoot Day », c’est-à-dire la date à laquelle la consommation des ressources naturelles par les êtres humains dépasse ce que la Terre peut produire en une année. Cette date symbolise l’épuisement du budget naturel  dont nous disposons chaque année. Nous avons émis plus de dioxyde de carbone que ce que nos forêts et nos océans peuvent absorber, nous avons pêché plus de poissons et coupé plus d’arbres qu’il peut en naître et grandir en une année, nous avons aussi remplacé plus d’habitats naturels par des terres agricoles et du béton.

Jadis, la nature était toujours en mesure de se restaurer et de compenser la consommation humaine. C’est à la fin des années 1970 qu’un seuil critique a été franchi. Depuis lors, notre consommation outrepasse chaque année la capacité de production de la Terre et nous émettons plus de CO₂ que ce que la planète peut en absorber. En d’autres termes, l’humanité vit au-dessus de ses moyens et le changement climatique en est l’exemple le plus frappant. Les émissions de gaz à effet de serre constituent la plus grande part - 60 % actuellement - de notre empreinte écologique.

Selon Sofie Luyten, directrice Affaires Publiques du WWF-Belgique : « Si nous prenons au sérieux les conclusions historiques du sommet de Paris pour le climat, nous devons supprimer totalement nos émissions de CO₂ d’ici 2050. Cela implique d’adopter une nouvelle manière de vivre sur notre planète. La bonne nouvelle, c’est que cela est possible avec les technologies dont nous disposons aujourd’hui. De nouveaux secteurs, tels que celui des énergies renouvelables, reçoivent un coup d’accélérateur alors que les risques et les coûts qui accompagnent le changement climatique restent encore limités. Le choix qui se présente à nous est celui du chaos ou de la stabilité. Le défi consiste maintenant à travailler ensemble - gouvernements, entreprises et citoyens - pour une transition vers une société plus durable. Le plan national climat et énergie qui doit être soumis à l'Union européenne par les autorités belges d'ici fin 2018 est une occasion unique pour décider de la manière dont nous voulons ralentir le changement climatique et préparer l'avenir. L'ambition climatique de la Belgique doit être plus grande. Récemment, le WWF-Belgique et les autres membres de la Coalition Climat ont invité le Premier ministre Charles Michel à se joindre à l'appel de nos pays voisins (Pays-Bas, France, Luxembourg et Allemagne), afin de réduire de 40 % à 55 % les émissions de gaz à effet de serre dans l'Union européenne d'ici 2030. C’est de cette manière que nous resterons fidèles aux objectifs de l'Accord de Paris et que les émissions nettes nulles seront réalisables d'ici 2050. » 

IL EST ENCORE POSSIBLE DE CHANGER DE CAP

À l’échelle globale, nous avons besoin de l’équivalent de 1,7 fois la Terre pour répondre à la consommation actuelle de la population mondiale qui est en croissance. Et si nous continuons de la sorte, ce seront deux planètes qui seront nécessaires à la moitié de ce siècle. Les conséquences de cette surconsommation et de cette pression écologique sont criantes partout dans le monde : déforestation, sécheresses, désertification, érosion, manque d’eau douce, perte de diversité et accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et les océans.

Nous ne pouvons pas continuer à creuser notre dette écologique de cette manière. Aujourd’hui, 60 % de l’empreinte écologique humaine sont imputables aux émissions de gaz à effet de serre, produites par les activités humaines. De nombreuses solutions existent pour s’attaquer à ce problème. En réduisant de 50 % le gaspillage alimentaire, la date du dépassement peut être repoussée de 11 jours. L’arrêt de la déforestation pour la conversion en terres agricoles présente un potentiel important avec 17,2 jours. 

Sofie Luyten : « Seule une politique climatique ambitieuse peut réduire les émissions de CO2. Cela signifie que nos gouvernements optent pour des investissements massifs dans les énergies renouvelables, rendant nos bâtiments neutres en CO2 ; et éliminent progressivement les combustibles fossiles. Il est également important d'encourager l'industrie et les consommateurs à opter pour plus de produits végétaux, plus d'aliments locaux et moins d'emballages, à passer à une économie circulaire basée sur le recyclage et la réutilisation. Le gouvernement doit développer une infrastructure qui facilite une mobilité durable, etc. Ensemble, il est possible d'inverser la tendance dès 2019 et de repousser le jour de dépassement vers l'automne. »