Restauration des bancs d’huîtres : vers un retour de l’huître en Belgique ?

Restauration des bancs d’huîtres : vers un retour de l’huître en Belgique ?

Le projet exceptionnel de restauration des bancs d’huîtres, qui a démarré en mai dans plusieurs zones de la mer du Nord néerlandaise, semble se dérouler avec succès. Ce projet expérimental repose sur l’impression de structures de récif en 3D et la restauration des bancs d’huîtres tant dans les parcs éoliens que dans des zones plus profondes (28 mètres). Des discussions sont également en cours concernant des limitations pour les techniques de pêche perturbant le fond marin dans les zones de restauration. Un exemple à suivre pour la restauration des populations d’huîtres dans la mer du Nord belge.

 

Jusqu’au début du 20ème siècle, l’huître plate européenne formait de vastes récifs dans la Manche et la mer du Nord. De tels bancs ou récifs d’huîtres abritent une biodiversité riche et unique. Raies et requins y déposent leurs œufs, tandis que les petits poissons et les crevettes y trouvent refuge. Les bancs d’huîtres constituent ainsi un précieux garde-manger pour divers poissons prédateurs, oiseaux et mammifères marins. Hélas, ces bancs d’huîtres ont presque complètement disparu en raison de la surpêche, des maladies et des hivers rigoureux. Leur existence est largement tombée dans l’oubli. 

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Aujourd’hui, les récifs de coraux et bancs de coquillages sont activement protégés et restaurés à travers le monde, parce qu’ils favorisent l’abondance de poisson, la qualité de l’eau et la stabilité des fonds marins, tout en contribuant à la protection des côtes. C’est pourquoi le WNF (WWF-Pays-Bas) et ARK, deux organisations de défense de la nature ont réintroduit des huîtres plates dans différentes zones de la mer du Nord néerlandaise. Cette initiative a pour but d’identifier les facteurs de succès d’une restauration active de ces récifs, et de permettre à l’huître plate sauvage de reprendre ses droits en mer du Nord.

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Différents instituts de recherche ont uni leurs forces au sein du Consortium de l’Huître Plate. Ensemble, ils ont lancé des projets pilotes et des projets de restauration. Ils mènent des études et assurent la surveillance de ces projets. Les pêcheurs ont été impliqués dans le choix des emplacements. Dans la région des Borkumse Stenen par exemple, ils ont volontairement renoncé à pêcher après que 6 000 kilos d’huîtres plates ont été déposés au fond, notamment sur des structures imprimées en 3D. Dans le parc éolien Offshore Gemini, 1 000 kilos d’huîtres ont été immergés, dans six cages, autour de deux éoliennes (W5 et V8), dans le but qu’un banc d’huîtres se forme dans le parc. Dans le parc éolien Eneco de Luchteduinen, des projets de récifs artificiels et d’introduction des huîtres sont également à l’ordre du jour.

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Bientôt aussi dans la partie belge de la mer du Nord ?

Jusqu’au milieu du 19ème siècle, des bancs d’huîtres étaient également présents face à la côte belge, dans la région du Westhinder. Des études menées entre 2005 et 2018 ont montré qu’un habitat favorable existe toujours sur les bancs de sable « Hinderbanken », avec une biodiversité remarquable, bien qu’elle soit un peu moins riche qu’à l’origine. Les continuelles activités de pêche perturbant le fond marin nuisent à ces écosystèmes et empêchent les bancs d’huîtres de se reconstituer. La protection des fonds est cruciale pour assurer un avenir durable aux populations de mollusques. Les grandes huîtres plates femelles, souvent âgées de plus de 15 ans, ne devraient pas être enlevées. Elles sont essentielles à la reproduction de l’espèce car elles produisent beaucoup de larves.

Dans la partie belge de la mer du Nord, un projet de restauration des bancs d’huîtres est aussi envisageable. L’actuelle révision du plan d’aménagement des espaces marins est l’occasion idéale de développer un tel projet. 

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Dans le cadre de la consultation publique sur le plan d’aménagement des espaces marins, le WWF et Natuurpunt réclament :

  1. L’établissement d’une zone réservée à la nature, incluse dans le réseau Natura 2000, d’où toute activité perturbant le fond marin serait exclue ;
  2. Une zone dévolue au projet pilote « restauration des lits de graviers » dans la les parcs éoliens. Un plan national pour la restauration des bancs d’huîtres est également nécessaire.

Et les différents projets de restauration internationaux doivent être intégrés dans un réseau d’espaces marins où la pêche perturbant les fonds marins n’est plus autorisée, de sorte que ces différents habitats puissent se renforcer mutuellement. Le gouvernement doit jouer un rôle important de facilitateur en créant des opportunités pour le développement et la gestion durable des bancs d’huîtres, dans et autour des zones naturelles.

sarah