Les résultats de la COP23 passés sous la loupe

Les résultats de la COP23 passés sous la loupe

La 23e conférence de l’ONU sur le climat s’est déroulée en novembre à Bonn, en Allemagne.  Que peut-on retenir des négociations de cette année ? Le point avec Julie Vandenberghe, experte Climat au WWF-Belgique. 

 

La COP23, bien qu’organisée cette année en Allemagne, était présidée par les îles Fidji, le petit État insulaire ne pouvant accueillir toutes les délégations. Cette COP a été considérée comme « technique » dans le jargon onusien, c’est-à-dire qu’elle ne portait pas sur de grandes décisions de principe, mais qu’elle a servi à poser les bases pour l’application des directives adoptées par l’Accord de Paris. Aucune décision majeure n'était de ce fait attendue, comme ce fut le cas pour la COP21 et comme ce le sera probablement pour la COP24. Mais la conférence de Bonn n’a pourtant pas manqué d’intérêt. Loin s’en faut !

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Les mots clés qui résument le travail du WWF sur un des murs du pavillon

En 2018, la COP24 sera dirigée par la Pologne. Les règles de mise en œuvre de l'Accord de Paris devront être prêtes et approuvées. Il existe toutefois une autre raison pour laquelle la prochaine conférence sur le climat est importante. L’Accord de Paris prévoit que chaque pays réévalue ses engagements tous les cinq ans. Ce mécanisme de révision a été introduit en raison de l’évolution des recherches scientifiques et de la nécessité de poursuivre les efforts dans la lutte contre le changement climatique.

Les ONG, et le WWF en particulier, sont conscientes que les plans d’action actuels sur le changement climatique ne suffisent pas et devront être revus l'année prochaine en Pologne à travers ce que l'on appelle le « dialogue de facilitation ». Pour les ONG et les pays vulnérables au changement climatique, il est important que ce dialogue soit plus transparent. Qu’il garantisse notamment le renouvellement des engagements existants et précise l'ajustement des objectifs de réduction d’émissions. La science continue de nous dire que nous devons faire plus et plus vite.

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Julie répondant aux questions de la VRT devant le Panda hub

La COP23 introduit le dialogue Talanoa - un concept à retenir ! 

La délégation des îles Fidji qui présidait cette COP a proposé d'entamer un processus de recherche dans la perspective du dialogue de l'année prochaine et de lui donner le nom de « Dialogue Talanoa ». Le terme « Talanoa » fait référence à une pratique culturelle aux îles Fidji pour arriver à trouver des solutions ensemble. La proposition du recours à ce dialogue a été l’un des moments forts du rendez-vous sur le climat de Bonn.

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Le WWF et les membres du Conseil fédéral du développement durable (CFDD)
lors d’un meeting avec la ministre Marghem 

Le succès de l'année suivante est généralement déterminé par ce qui a été exposé dans les conclusions de la COP précédente. Si une directive n’est pas reprise dans les conclusions finales d'une COP, elle ne sera peut-être pas à l'ordre du jour l'année d’après. La COP24 devrait voir l’ensemble des parties de la Convention des Nations unies sur le changement climatique admettre que leurs plans climatiques sont trop faibles et que, de cette manière, nous nous dirigeons vers un réchauffement de plus de 3,5 °C. En d'autres termes, nous commencerons à mettre en œuvre l'Accord de Paris en 2020 avec des objectifs déjà dépassés avant même qu'ils ne prennent effet.

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Le directeur international Climat du WWF, Manuel Pulgar-Vidal, a participé au « Talanoa space »,
un des évènements organisés en marge de la COP

En résumé, le WWF est-il satisfait des résultats de cette COP ? 

  1. Dialogue de Talanoa

    Le bilan est globalement positif. Le dialogue de Talanoa et un aperçu plus spécifique des attentes font partie intégrante des conclusions. Un travail à réaliser tout au long de l'année à venir. Pendant les dernières heures de la conférence, des tentatives ont été menées pour retirer cette initiative des conclusions finales mais, heureusement, elles ont été déjouées dans les dernières tractations. Pour de nombreux pays, il était inacceptable de ne pas définir clairement l'objectif principal de l'année prochaine. 
  2. Rehaussement de l'ambition avant 2020 

    De nombreuses rencontres et discussions à haut niveau s’imposent dans les deux années à venir pour accroître la pression et agir efficacement avant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris prévu en 2020. D’où notre optimisme modéré car des résultats palpables sont attendus. 
  3. Mécanisme de suivi par le WWF

    Les termes clairs du financement, l'adaptation au changement climatique, les pertes et dommages pour les pays vulnérables ainsi que les mécanismes de flexibilité pour remédier aux incidences liées au climat doivent figurer dans les règles d’application de l’Accord de Paris. Les experts du WWF se sont assurés de l’inclusion de ces directives et ont essayé d'influencer les discussions dans ce sens. In fine, ces négociations étaient plutôt lentes et techniques, mais elles ont eu les effets escomptés puisque les recommandations constructives du WWF ont été prises en compte dans la conclusion finale. Seules des règles d’application strictes peuvent en effet aider l'Accord de Paris à faire bouger concrètement les choses. 

    C'était aussi une année spéciale pour le WWF, qui avait son propre pavillon pour rassembler le public et présenter ses actions sur le terrain. Malgré le défi logistique que cela impliquait, le « panda hub » a été un grand succès. De nombreux événements tels que des ateliers et des conférences y ont été organisés. Un bon niveau de satisfaction des visiteurs a été également enregistré. Une expérience à refaire !

Julie Vandenberghe