La conférence pour la biodiversité des Nations Unies

La conférence pour la biodiversité des Nations Unies

Un marathon intercontinental depuis l’Egypte 2018 jusqu’à la Chine 2020 ? 

La semaine dernière, j’ai troqué sans me plaindre les froides températures belges contre le climat méditerranéen de l'Egypte. C’est en tant que représentante du WWF au sein de la délégation belge que je suis rentrée dans l'arène de la 14ème Conférence des Parties (COP), qui a signé la Convention sur la diversité biologique (CDB). C’était ma première participation à une COP, donc j’étais ce qu’on pouvait appeler une vraie « novice ». Des discussions avec des collègues et d'autres experts, ainsi qu'une étude approfondie de plusieurs documents m’avaient bien aidée et je me considérais ainsi suffisamment préparée pour mettre les pieds sur le sol égyptien. Les histoires de longues réunions tôt le matin et tard le soir et le manque chronique de nourriture saine ne m'avaient pas effrayées. Car, à mettre dans l’autre plateau de la balance, il y a la mission et la motivation des participants à la conférence à atteindre trois objectifs principaux de la CDB : (1) la conservation de la biodiversité ; (2) l'utilisation durable de ses composantes et (3) la distribution équitable des bénéfices provenant de cette utilisation. Et, cerise sur le gâteau : d'innombrables rencontres inspirantes avec des personnes des quatre coins du monde, y compris des séances photos avec des Congolais et de courtes conversations avec un citoyen comorien.

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Pendant mon vol, j’avais un double sentiment. J'ai vu des zones fortement urbanisées, un désert aride et de grands complexes hôteliers côtiers, où la conscience environnementale semble être lointaine. L'avenir de la politique de biodiversité sera-t-il discuté ici en Egypte ? Les discussions se limiteront-elles à des points et des virgules ou les autorités oseront-elles mettre les grands défis sur la table ? Les mots d’introduction de la Ministre égyptienne de l'environnement ont montré que le pays avait une vision claire de l'importance de la biodiversité. Elle a réussi à faire en sorte que certains de ses collègues, pour qui l'environnement n'est pas nécessairement une priorité, participent également à cette conférence pour appuyer son message. Dès mon arrivée à l'aéroport de Sharm El Sheikh, j’ai pu constater à quel point l’Egypte est un hôte fier. Le logo de la conférence est visible partout, depuis la douane jusqu’au tapis à bagages. Espérons que l'Égypte puisse également être fière de l'issue positive de cette Conférence des Parties.

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Quels sont les enjeux ici en Egypte ? En 2018, nous ne sommes plus qu'à deux ans de 2020 cette « super année », où les objectifs de la CDB arriveront à leur terme. Tous les regards sont tournés vers ce qui peut/doit se passer au-delà de cet horizon 2020. Devons-nous conserver dans les grandes lignes ces objectifs ou opter pour une approche totalement différente ? Et comment ? Les pays présents ici, qu’ils soient du Nord ou du Sud, doivent s’accorder sur ce processus dans la semaine à venir. Sans ce cadre, il sera difficile de vraiment commencer à parler en termes de contenu lors de la prochaine COP en Chine. Or c'est plus que jamais nécessaire, car il est déjà clair que nombre des objectifs ne seront pas atteints. Le rapport Planète Vivante que vient de publier le WWF a montré une fois de plus que la situation est dramatique : 60% des populations animales vertébrées ont disparu depuis 1970. Et ce, alors que la biodiversité joue un rôle essentiel dans la survie de l'homme. Le WWF exige pour commencer « une nouvelle donne pour la nature et l'humanité », qui aille au-delà de la seule CDB et intègre la biodiversité dans tous les secteurs de notre société. La nature ne peut plus se limiter à l'agenda des ministres de l'environnement et à une poignée d'ONG.

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A mon arrivée en Egypte, la conférence avait déjà dépassé sa moitié. J’ai fait la rencontre de négociateurs de tous horizons fatigués, à la recherche d'un petit moment de temps libre pour faire un peu de snorkeling et ainsi découvrir, à quelques kilomètres seulement du centre de conférences, la riche biodiversité sous-marine de la Mer Rouge. Cela devrait permettre de recharger les batteries pour entrer dans la dernière semaine et donner la motivation pour redémarrer des négociations bloquées au point mort. En tant que nouvelle venue au sein de cette communauté, j'ai rapidement été en mesure d’avoir une vue d'ensemble parmi les nombreux acronymes et un peu plus de feeling avec ce qu’il se passe vraiment ici. On dirait un (ultra)marathon où les délégations nationales commencent à courir pas à pas dans la même direction. Les ONG ne restent pas sur le côté. Elles accompagnent le mouvement sur des kilomètres pour, espérons-le, donner un surplus d’énergie en vue de la ligne d'arrivée.

Seule membre d’une ONG au sein de la délégation belge, mon rôle n'est pas si simple. Je n'ai moi-même pas de mandat pour négocier au nom de la Belgique ou du WWF sur les plus de 30 points différents à l’agenda de cette CDB COP. Mais, en gardant à l’esprit l'idée du « new deal », je peux être une source d'inspiration et un outil de communication pour les deux parties. C'est très important pour nous en tant que WWF Belgique de pouvoir transmettre vers l’extérieur ce qui’il se passe au sein de la conférence afin que le plus grand nombre s’engage vers notre objectif commun. La biodiversité doit donc occuper une place plus centrale dans nos politiques nationales et régionales. La campagne du WWF pour les élections à venir en mai 2019 renforcera encore cette tendance. Ce sera notre petit marathon.

A suivre donc!

sofie